La seigneurie du Fossat
(page mise à jour le 7 avril 2023)

Les armes des du Fossat sont : "d'argent à trois bandes de gueules".

Essai de reconstitution de la généalogie de cette famille à partir de l'Histoire d'Aiguillon de l'Abbé Alis

 

Le nom de du Fossat apparut au XIIe siècle. Selon M. Tholin, dans Ville libre et Barons, ce nom serait celui d'un quartier d'Aiguillon dont ils étaient les seigneurs.
Aux environs de 1125, Gautier Ier du Fossat, ses frère Arnaud et Giraud et leur mère Giraude firent donation "à Dieu et à la vierge Marie entre les mains de l'évêque d'Agen", d'une terre située entre la Garonne et l'Auvignon, sur l'actuelle commune de Feugarolles, sur laquelle Raymond-Bernard du Fossat, évêque d'Agen, entre 1128 et 1149 fit édifier le prieuré du Paravis (1) vers 1130

(1) Le nom Paravis a pour origine celui d'Amalvin de Paradis, de son épouse Onorte et de leurs enfants Amalvin, Arnaud et Guillaume qui donnèrent tous les biens qu'ils possédaient au lieu dit Paradis entre la Garonne et l'Auvignon, aux religieuses de Fontevrault, "voulant échanger les biens passagers et périssables contre les biens éternels". (Notes historiques sur des monuments féodaux ou religieux du département de Lot-et-Garonne, par Jules de Bourousse de Laffore page, 154)

À cette époque ils édifièrent le château de Madaillan près d'Agen.
Gautier II, fils de Gautier 1er était connu pour avoir été témoin, le 30 mars 1167 d'un don fait au monastère de Cadouin près de Bergerac en Dordogne.
Le nom de son fils Guillaume apparaît en 1162 comme témoin, dans le contrat de mariage de Guillaume-Arnaud de Marquefave avec Esclarmonde de Foix, la fille de Roger-Bernard 1er, comte de Foix [il était l'arrière petit fils du Cid, héros de la Reconquista espagnole]. Guillaume eu deux fils :

A) Gautier III du Fossat, marié avec Aldiarde, qui donna en 1224, à Hélie, abbé de Grand-Selve, libre passage à Thouars, sur la garonne.
B) Arnaud-Garcie 1er du Fossat, dont le nom figure dans un acte du, chaque année à la Saint Michel8 septembre 1253 selon lequel "Henri III roi d'Angleterre donne et concède à Arnaud-Garcie du Fossat, 40 livres bordelaises, sa vie durant, à prendre sur la chambre royale, chaque année à la Saint Michel, pour s'entretenir à son service".
Arnaud-Garcie eut quatre fils :

I- Amanieu 1er du Fossat, chevalier, seigneur de Madaillan, tuteur de son neveu Bonafoux du Fossat de 1287 à1289. En 1294, il apporta son assistance au roi d'Angleterre pour reconquérir l'Agenais. Il fut le tuteur de Bonafoux du Fossat que nous trouverons plus loin. Il mourut en 1298, laissant trois enfants dont l'un [Amanieu III] fut à l'origine d'une lignée qui s'éteignit en 1405 comme on le verra plus loin.

1) Gautier IV du Fossat qui mourut comme son père, en 1298, laissant une fille, Indie et un fils, Amanieu II, seigneur de Madaillan jusqu'en 1307, date de sa mort.

2) Amanieu III du Fossat, né vers 1270, hérita de son cousin Bonafoux du Fossat et de son neveu Amanieu II, d'Aiguillon, de Madaillan, Colleignes, Saint-Salvy et autres lieux et devint le seigneur de Madaillan.
En 1301, allié des Anglais, il s'empara, au détriment du bailliage d'Agen qui manifestait ses préférences pour la cause française, des paroisses de Fraysses, Cardounet, Saint-Denis et Doulougnac situées sur la rive droite du ruisseau Bourbon, comme son château de Madaillan.
Pour son dévouement au parti anglais, il fut largement récompensé de ses services et devint un important personnage en Guienne : il fut maire de Bordeaux en 1311, sénéchal d'Agenais en 1313, sénéchal de Guyenne en 1319. Il maria sa soeur Marie à Raymond-Bernard de Montpezat, autre puissant seigneur de l'Agenais.
En 1317, Amanieu III et son cousin germain Arnaud-Garcie II du Fossat ont déclaré à Edouard II, roi d'Angleterre et duc de Guienne, que leurs prédécesseurs, et non d'autres, ont eu la seigneurie de ce nom dans la ville d'Aiguillon depuis un temps immémorial. la même année, Edouard II lui céda les droits du salin d'Agen.
Les du Fossat étaient belliqueux : au début du XIVe siècle ils ont dévasté deux fois le bourg de Lunac, y mettant le feu et tuant un grand nombre d'habitants. À la demande des Lunac, le roi d'Angleterre Edouard II fit condamner Amanieu et Arnaud-Garcie du Fossat à de lourdes amendes pour indemniser les victimes de leurs exactions.
Par la suite, le 30 septembre 1324, Arnaud-Garcie du Fossat, seigneur d'Aiguillon, devint l'allié d'Edouard II pour marcher contre l'armée du roi de France.
Le 31 mars 1327, la paix fut signée à Paris entre le roi de France et Edouard III qui récupéra l'Aquitaine ; les barons français alliés des Anglais furent amnistiés à l'exception d'Amanieu du Fossat dont le château de Madaillan fut condamné à être rasé, mais Edouard III n'appliqua jamais la sentence.
En 1338, le 16 mars, Amanieu III du Fossat fut fait prisonnier par les Français lors de la prise du château de Madaillan. Libéré par le roi de France Philippe VI (1293-1350, en 1342, pour avoir "tourné" français, comble de la félonie, il "tournera" anglais quelques années plus tard et combattra à leur côté.
Il mourut en 1350.

- Son fils, Amaury, lui succéda mais mourut en 1355 ayant pour fils et héritier :

- Amanieu IV. En 1363, il prêta serment de fidélité au roi d'Angleterre dans la cathédrale Saint André, en compagnie des délégués de la ville d'Agen, Anglaise depuis le traîté de Brétigny du 8 mai 1360. Il mourut en 1373, ayant pour fils et héritier :

- Bertrand 1er qui se rangea du côté français en 1373 en même temps que Rainfroid de Montpezat. Il fut seigneur d'Aiguillon de 1373 à 1384. Selon le Général Albert de Peyrelongue, en 1374, Bertrand du Fossat combattit pour Charles V sous les ordres de Bertrand Duguesclin au siège de Laparade en Lot-et-Garonne ; c'est le premier du Fossat a avoir combattu les Anglais.
Marié à Jeanne d'Astarac, ils eurent une fille unique :

- Jeanne du Fossat, qui épousa Simon de Bécarn. Leur unique fille :

- Jeanne de Bécarn, dame d'Aiguillon et de Madaillan épousa en 1405 Raymond Bernard de Montpezat (1367-1444) [arrière arrière arrière petit fils de Rainfroid 1er de Montpezat] et les possessions des du Fossat passèrent aux Montpezat qui avaient déjà obtenu vers 1300 et par mariage, la seigneurie de Lunac.
Consulter la page Origines du duché d'Aiguillon.

3) Marie du Fossat mariée avecun précédent Raymond-Bernard de Montpezat [petit fils de Rainfroid 1er de Montpezat].

II- Gautier V du Fossat qui, d'accord avec ses frères, donna, en 1262, aux religieux de Grandselve, libre passage sur la Garonne à Clermont, à Thouars, au Fossat et à Aiguillon. Il eut pour fils et héritier :

- Arnaud-Garcie II du Fossat (? - 1287), père de :

- Gautier VI du Fossat placé sous la tutelle de son oncle Raymond-Bertrand du Fossat, prieur du Mas. Il eut un fils :

- Arnaud-Garcie III, seigneur de Thouars, connu pour avoir été témoin, le 21 septembre 1353, du serment prêté aux Bordelais par Edouard, prince de Galles.

III- Bonafoux du Fossat, mort avant 1287, laissant un fils en bas âge :

- Bonafoux, qui fut mis sous la tutelle de son oncle Amanieu 1er. Il était seigneur de Madaillan. il mourut jeune et son cousin Amanieu II hérita des biens qu'il possédait à Aiguillon, Sainte-Livrade, Coleignes et Saint-Salvy.

IV- Raymond-Bernard du Fossat, prieur du Mas-d'Agenais, tuteur de son neveu Gautier VI en 1287.

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Le château du Fossat

Selon l'Abbé Alis (Histoire de la ville d'Aiguillon, page 101), le château du Fossat d'Aiguillon n'a été construit qu'à la fin du XIIIe siècle par Arnaud-Garcie II et Bonafoux du Fossat, sans autorisation du roi de France, mais c'était une particularité de l'Agenais. Le 3 juin 1316, on parle pour la première fois du château du Fossat dans une transaction entre Edouard II, roi d'Angleterre et Arnaud-Garcie II du Fossat.
Il fut remanié dans la seconde moitié du XVe.

Les ruines du château du Fossat avant sa démolition
et l'ancienne Eglise Saint Félix
Aquarelle de Charles Leroy, architecte du futur château ducal.
(collection particulère)
Façade du château du Fossat et l'ancienne église Saint Félix
dessinés par B. Mélet
d'après une vieille photographie
appartenant à M. Descamps, notaire



En rouge, les limites de la seigneurie du Fossat
( plan du colonel Duburgua)
En rouge, le château du Fossat, en bleu l'église Saint Félix,
en vert, les écuries, l'hôtel de ville et la prison.

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Plan dressé en 1748 par M. Villeminot, Ingénieur-géographe

Légende de la planche III, extraite de Histoire de la ville d'Aiguillon par l'Abbé Alis :
A : tour carrée ; B : façade est ; K : corps de logis aussi haut que la tour, constituant le donjon ; C : façade sud ; D: tour hexagonale abritant un escalier à vis qui dessert le donjon et le bâtiment E ; les gens d'armes logeaient au rez-de-chaussée de E ; au premier étage de E se tenaient les banquets, assemblées et cérémonies seigneuriales ; F : cour flanquée de deux tours G et G' encastrées dans le mur d'enceinte H ; I : passage faisant communiquer le château avec l'église L ; dans le prolongement du corps de logis, vers l'est, un bâtiment (visible sur le petit plan ancien au-dessus de la planche III), abritait les écuries, l'hôtel de ville et la prison.

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