Madame de Combalet et l'Hôtel-Dieu de Québec

Portrait gravé par Montcornet
accroché à un mur du parloir de l'Hôtel-Dieu de Québec
TRES HAVLTE ET TRES PVISSANTE DAME MARIE DE WIGNEROD DVCHESSE D'AIGUILLON
Plaque apposée sur l'Hôtel-Dieu de Québec pour commémorer
sa fondation par la duchesse d'Aiguillon le 16 août 1637

Description du portrait par un grand ..." admirateur" de la duchesse, l'Abbé québecois H.R. Casgrain (1831-1904)
aux pages pages 30,31 et 32 de son Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec à lire en ligne ICI

"Si jamais vous êtes entré dans les parloirs de l'Hôtel-Dieu de Québec, vous aurez pu remarquer, parmi d'autres tableaux suspendus aux murs, une gravure antique où l'on reconnaît facilement le vigoureux burin de Moncornet.
Ce dessin représente le portrait d'une grande dame de la cour de Louis XIII. Elle est vêtue selon le goût du temps et les usages de la cour, mais avec une simplicité, une grâce sans recherche, qui devaient contraster avec les brillants atours, les éclatantes parures, le luxe extravagant des dames d'honneur de Marie de Médicis. On ne remarque en effet sur ses vêtements, ni cette profusion de broderies, de chaînes, de pierreries, ni ces rivières de diamants sur le corsage et dans les cheveux, ni ces rangées de boutons en or sur les manches, que les dames nobles recherchaient avec une telle frénésie qu'il fallut des lois spéciales pour réprimer cet abus.

Sa robe de couleur obscure n'a d'autre ornement qu' une frange de dentelle au corsage, s'épanouissant sur les épaules et aux bras des manchettes dans le même goût. On n'aperçoit aucun bracelet autour de ses poignets, aucun ; anneau, aucune bague à ses doigts ; le seul luxe qui paraisse est un collier de perles très unies autour du cou. Un simple bandeau rattache sur le sommet de la tête sa chevelure dont les boucles abondantes retombent sur ses épaules.
Mais, en revanche, il est rare de rencontrer sur une figure, plus de distinction, de majesté et de grâce ; dans la pose, dans tout l'extérieur, plus de noblesse et de grandeur. La tête dont la silhouette se détache sur les plis d'une draperie relevée d'un côté par les nœuds d'un cordon à double gland, repose dans une attitude pleine de dignité sur un buste aux proportions irréprochables. L'œil est grand, intelligent et fier ; mais le rayon qui s'en échappe est tempéré par cette sérénité que donnent les pensées graves et les habitudes religieuses ; les sourcils hauts et gracieusement arqués, le nez prononcé, un peu aquilin ; les joues arrondies et légèrement saillantes, la bouche fine, spirituelle, délicate. Le front largement développé sur les tempes, laisse deviner l'énergie de l'âme, la fermeté du caractère. Les lèvres demi-sérieuses, demi-souriantes, répandent sur toute cette physionomie quelque peu hautaine un rayon de lumière et de douceur qui charme et attire.

On ne peut contempler sans éprouver un sentiment de respect cette figure sereine, qui reflète avec tant d'éclat les nobles pensées et les généreuses passions d'une grande âme.
Autour du médaillon on lit ces mots : Très haute et très puissante Dame Marie de Wignerod, duchesse d'Aiguillon. C'est l'illustre fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Québec."

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Il existe, à quelques centaines de mètres de l'Hôtel Dieu, une Rue d'Aiguillon, parallèle à la Rue Richelieu à Québec et une Place d'Aiguillon à Montréal. Au sud-est de Montréal coule la Rivière Richelieu.

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