Très cultivée, s'intéressant
aux Sciences, parlant quatre langues étrangères, elle
tint un Salon littéraire à Paris et fut surnommée
l'amie des philosophes et des scentifiques (Les encyclopédistes,
Voltaire, Maupertuis, Montesquieu...)
La duchesse d'Aiguillon a traduit diverses œuvres anglaises, notamment
de Pope et Macpherson.
Georges Renauld, dans son Armand-Désiré Vignerod
du Plessis Richelieu dernier duc d'Aiguillon rapporte les faits
qui suivent :
" Lorsque Voltaire sera déféré devant le
Parlement pour les Lettres Anglaises elle demandera à
la princesse de
Conti d'intervenir pour arrêter la procédure.
Pour la remercier, Voltaire enverra à Anne-Charlotte des exemplaires
de son Charles XII et de l'Henriade accompagnés
de ce madrigal amusant :
Henri IV, pour vous, aurait quitté
d'Estrées
Et Charles XII aurait connu l'amour."
À partir de 1740 elle se lia d'amitié
avec Montesquieu et de nombreuses lettres
en témoignent. Il fréquenta son salon littéraire
dont Mme du Deffand était jalouse car il concurrençait
le sien. Avant de mourir, il lui confia le manuscrit des Lettres
persanes. Anne-Charlotte assista de jour et de nuit Montesquieu,
très malade durant l'hiver 1754 et le jour de sa mort, le 10
février 1755 elle récupéra les écrits
du philosophe que le père Routh, jésuite irlandais,
tentait de s'approprier. [peut-être dans un but de censure?]
À ce sujet, voir la lettre
de la duchesse d'Aiguillon à Monsieur l'abbé de Guasco.
Soucieuse de ses intérêts, la duchesse d'Aiguillon
surveillait ses domaines et se rendait souvent en Guyenne, à Aiguillon.
Elle en profitait pour faire salon le soir à Bordeaux, ou voir son
ami Montesquieu à La Brède.
Elle suivait de très près, à la place de son mari, les nombreux procès
à l'encontre du duché d'Aiguillon et stimulait les procureurs et les
avocats. Elle faillit se fâcher avec son grand ami, propriétaire
de vignes à Clairac, qui était en procès avec
le duc d'Aiguillon, Armand-Louis de Vignerod. Voir la lettre
que Montesquieu écrivait à Monsieur l'abbé de
Guasco, dans laquelle il évoquait cette affaire.
Son mari, Armand-Louis
de Vignerod épousé le 22 aôut 1718,
très proche de la princesse de Conti [il lui avait fait construire
un petit pavillon dans le parc de Veretz
où elle venait habiter], est également homme de lettres,
membre de l'Académie des Sciences puis Duc d'Aiguillon en 1731
grâce à l'intervention de la princesse auprès
de Louis XV.
Saint-Simon, dans ses Mémoires évoque
son mariage, Tome X, année 1718, page 46, Edition Hachette
1878 :
"Le comte d'Agenois, fils du marquis de Richelieu,
épousa Mlle de Florensac, presque aussi belle que sa mère,
qui était de Saint-Nectaire. Son père était frère
du duc d'Uzès, gendre du duc de Montausier. Elle n'avait plus
ni l'un ni l'autre. Ces mariés ont fait depuis du bruit dans
le monde : lui par ses charmes, dont les intrigues de Mme la princesse
de Conti, sur de monsieur
le Duc, ont récompensé les longs services et
très-publics, de l'usurpation juridique de la dignité
de duc et pair d'Aiguillon, sans cour ni service de guerre ; elle,
par l'art de gagner force procès, de faire une riche maison
et de dominer avec empire sur les savants et les ouvrages d'esprit,
qu'elle a accoutumés à ne pouvoir se passer de son attache,
et les compagnies les plus recherchées à l'admirer,
quoique assez souvent sans la comprendre."