Toutes les reproductions présentées
ici font partie de la collection du château ducal d’Aiguillon, même
si, pour certaines, la provenance est incertaine. Elles ont toutes été
déposées en 1905 par la Préfecture au Musée des Beaux-Arts d’Agen. Le
18 septembre 1792, les scellés avaient été apposés sur les portes du
château. Le 6 octobre, le dernier duc d’Aiguillon, Armand-Désiré de
Vignerod (1761-1800), ayant été déclaré émigré (il s’était en effet
réfugié à Hambourg), ses biens furent séquestrés. Et en 1793 furent
prises, après inventaire, les décisions concernant la conservation ou
la vente des meubles et objets d’art du château.
Le 12 juillet 1793, 76 tableaux, que l’administration n’avait pas retenus,
furent vendus en 23 enchères, certains achetés par Charles Leroy (il
avait été chargé par la Duchesse d’Aiguillon d’acheter les objets auxquels
elle tenait et tous les portraits de famille), d’autres par des particuliers.
Certains d’entre eux les donnèrent plus tard au département - ils se
trouvent donc au Musée d’Agen - d’autres ont été transmis de génération
en génération et des Aiguillonnais, aujourd’hui, possèdent des toiles
du duc d’Aiguillon. Quant aux plus beaux tableaux, ils furent transportés
à Agen comme patrimoine national. Certains disparurent car c’était la
Terreur ; et le 22 septembre 1793, à Agen, on dressa sur un bûcher,
avec les tableaux religieux retirés des églises, ceux qui représentaient
des rois ou des princes. Beaucoup de portraits des grands hommes de
la noblesse ont alors brûlé, ce qui explique, dans la collection d’Aiguillon,
le petit nombre de portraits masculins. La collection d’Aiguillon est
la plus importante saisie de tout le département, signe incontestable
de l’immense richesse du duc. En janvier 1795, cette collection fut
inventoriée et classée. Elle est à l’origine de la création du Musée
d’Agen. Deux toiles ont été déposées par la Préfecture à la Mairie d’Aiguillon
: La Toilette de Vénus d’après Simon Vouet, récemment restaurée par
la Municipalité, et un portrait de femme, sans doute Madame de Combalet,
première duchesse d’Aiguillon. Quant aux reproductions exposées ici,
il est bien évident qu’elles ne donnent qu’une pâle image de la qualité
et de l’intérêt des originaux. Nous espérons que l’exposition donnera
envie aux visiteurs d’aller admirer, au Musée d’Agen, les peintures
originales, dans leur taille réelle et leur cadre souvent d’époque.
Nos remerciements vont à la Conservatrice du Musée des Beaux-Arts d’Agen,
Marie-Dominique Nivière, qui a accepté de sortir des réserves, afin
qu’elles soient photographiées, certaines toiles non exposées et à Thibaud
de La Serre dont le Mémoire de Maîtrise de 1996 nous a beaucoup aidé
pour rédiger cette petite présentation des œuvres.