Clément Maurice Gratioulet (Aiguillon 1837 / Sanary-sur-Mer 1933)

Tous mes remerciements à Monsieur Lionel Corcy : futur retraité à Aiguillon et féru de généalogie, il s'intéresse aux familles de célébrités originaires de cette ville. C'est en réalisant la généalogie de Monsieur Paraillous qu'il a remarqué qu'un de ses ancêtres collatéraux était un pionnier de la photographie et du cinéma sonore de la fin du XIXème siècle, Clément Maurice Gratioulet plus connu dans la profession sous le pseudonyme de "Clément-Maurice" était dans la cité ducale.
Sitôt informé, Alain Paraillous a fait des recherches et publié dans le journal Sud-Ouest du 21 février 2020 un article dont voici la reproduction :

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Le photographe

Le Moulin de la Galette (Paris en plein air 1897)
Etude de nu 1917
Etude de nu aux roses 1917

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Clément Maurice, un pionnier du cinéma né à Aiguillon
Publié le 15/07/2021 dans Le Petit Bleu d'Agen

La télévision a récemment diffusé le magnifique film "Edmond", tiré de la pièce éponyme (et à succès !) d'Alexis Michalik, jouée pour la première fois en 2016, à Paris, au Théâtre du Palais Royal.
Le générique final, particulièrement émouvant, s'y accompagne des photos des grands artistes qui ont interprété le rôle : le Toulousain Daniel Sorano, Jean Piat, Jacques Weber, Michel Vuillermoz, Jean Marais, Gérard Depardieu…
Mais sont aussi évoqués les films qu'inspira la célèbre pièce d'Edmond Rostand, notamment le premier, tourné en 1900, soit trois ans seulement après la création de la pièce, avec mention de son réalisateur, Clément Maurice. Un nom qui ne dit plus grand-chose aux cinéphiles, même lot-et-garonnais. Et pourtant…

D'abord pionnier de la photographie
En effet, rares sont ceux qui, en Lot-et-Garonne ou ailleurs, ont entendu parler de Clément Maurice Gratioulet né à Aiguillon, le 22 mars 1853, d'une vieille famille terrienne et locale. Très tôt, le jeune homme s'oriente vers la photographie, alors balbutiante, qui fut sa passion et son premier métier. C'est ainsi qu'il quitta la cité ducale pour "monter" à Paris, où il exerça d'abord la profession de photographe pour l'édition "Paris en plein air", réalisant de nombreuses photos (toujours précieusement conservées) sur le pittoresque Paris de l'époque. Il installe ensuite un atelier de photographie en plein cœur de la capitale, boulevard des Italiens. Sa notoriété naissante l'incite à se choisir un patronyme qui fleure moins la province, et il se fait désormais appeler Clément Maurice, qui devient son nom d'artiste. Il est remarqué par les frères Lumière dont on connaît l'importance dans l'histoire du cinéma. Une collaboration va s'ensuivre, permettant à Clément Maurice de se faire un nom dans le tout nouveau septième art.

Passionné de cinéma
Il devient tour à tour producteur, réalisateur, scénariste, chef opérateur. Au tout début des années 1900, on lui doit une dizaine de films, tantôt issus d'un scénario original, tantôt adaptés d'œuvres célèbres de la littérature ("Cyrano de Bergerac", "Madame-sans-Gêne", "Hamlet", "Roméo et Juliette"). Son dernier film, tourné en 1911, s'intitule "L'inutile sacrifice", comme une prémonition intuitive des tragiques événements qui allaient débuter trois ans plus tard…
De 1898 à 1906, il filme les opérations chirurgicales du Dr Doyen, qui a notamment séparé avec succès deux sœurs siamoises. C'est que Clément Maurice est aussi passionné de science : à l'instar de Ducos du Hauron, il fut également un inventeur de génie, développant un système pionnier du cinéma sonore qui fut présenté à l'Exposition universelle de 1900 et lui permit de collaborer avec les célèbres Laboratoires Eclair. Après la guerre de 14-18, il se retira dans le Var, à Sanary-sur-Mer, où il mourut en 1933. Ses deux fils ont laissé eux-mêmes un nom dans l'histoire du cinéma. L'aîné, Léopold Gratioulet (1880-1972) fonda la société Cinéma-Tirage ; le cadet Maurice Gratioulet (1883-1964) fut directeur technique à la G.M. Films, et aussi directeur des laboratoires Eclair.
Alain Paraillous

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