En 1927, il fut décidé de perfectionner
les services de la Poste rurale en la motorisant. L'Administration
mit sur pied un certain nombre de circuits qui groupaient certaines
tournées de facteurs ruraux.
Le 16 mars 1931, le circuit postal automobile desservant le Nord
d'Aiguillon, fut inauguré (1).
En voici la carte :

Aiguillon, Clairac, Lafitte avaient
un bureau de Poste. Aiguillon qui disposait d'une gare était
la tête du circuit. Les autres localités avaient un
correspondant postal, C.P. sur le plan.
Ce correspondant postal était un particulier (en général un petit
commerçant, un aubergiste...) agréé par l'administration. Ce dernier
était tenu de réserver un local pour servir de "bureau de poste".
Habilité à effectuer certaines opérations postales, il était rétribué
par l'administration et percevait de la part de la commune une indemnité.
Le correspondant recevait du bureau de poste de rattachement, la
dépêche postale sous forme d'un sac fermé par une forte chaîne cadenassée
; celle-ci contenait les correspondances ordinaires, les objets
de valeur et le numéraire. Le correspondant distribuait à domicile
les correspondances ou pouvait engager un "auxiliaire distributeur".
Le correspondant postal assurait, avant le passage de la voiture,
la vente de timbres, la réception de lettres et colis recommandés,
le service des mandats ainsi que le service du téléphone et des
télégrammes. La voiture postale qui appartenait à
une entreprise privée pouvait aussi transporter des passagers.
Elle partait d'Aiguillon, le matin à 6 h 30 et le soir à
16 h 50, après le passage du train omnibus venant de Bordeaux.
Le chauffeur était rémunéré par La Poste.
Les derniers correspondants postaux ont disparu au début des années
1990.
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Plaque émaillée signalant
le Correspondant Postal
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Oblitération par le correspondant
postal n°2 de Galapian
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Les années
90
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La flamme postale arrive
à Aiguillon
En réalité elle est apparue à la fin
du XIXème siècle avec la mécanisation
de l'oblitération
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L'équipe des postières et postiers d'Aiguillon en
1998, photographiés à l'occasion de l'exposition
sur l'Histoire de la Poste réalisée par l'association
Aiguillon Traditions et Arts au Musée Raoul Dastrac,
exposition à laquelle ils avaient apporté leur soutien.
( Si l'une ou l'un d'entr'eux se reconnaît, qu'il nous contacte
et éventuellement nous donne
les noms de ses collègues, qu'il ou elle en soit remercié
par avance ! )
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Le bureau de Poste
d'Aiguillon rénové l'année 2000
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Avant les travaux de rénovation
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Rue Gambetta, le bureau provisoire pendant
les travaux du 29/4/2000 au 29/11/2000
En survolant l'image avec le pointeur, les vieux aiguillonnais
reconnaîtront peut-être le
regretté et dynamique facteur Gaby Trilla
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Depuis le 30/11/2000 après rénovation
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(1) Article
de presse de l'époque :
L'inauguration du circuit automobile
postal d'Aiguillon.
Le circuit postal automobile, ayant
son point de départ et d'arrivée à Aiguillon, a été inauguré le
lundi 16 mars1931.
A midi, un banquet très bien servi
réunissait au restaurant du Coustet une vingtaine de convives :
MM. Tardière, directeur des PTT ; Destrem, inspecteur des services
postaux ; Ducourneau, inspecteur des services techniques ; Mourgues,
agent principal de surveillance ; Paganel, chef de brigade des services
ambulance ; Déjean, receveur à Aiguillon ; Bresson, conseiller général
; Bazin, maire d'Aiguillon ; Réjalot, maire de Lagarrigue ; Cassny,
maire de Galapian ; Lasserre, maire de Saint-Salvy ; Jonquière,
maire de Saint-Sardos ; Fauché adjoint délégué au maire de Lafitte
; Roubé, maire de Clairac ; Safrini, maire de Bourran ; Vidal, adjoint
au maire d'Aiguillon ; de Ribérot, publiciste ; Dumonal, pharmacien
; S. Lignac, ingénieur agricole, etc.
Des discours clôturent cette réunion
:
M. Bazin, maire d'Aiguillon, prend
la parole le premier. Il trace la genèse du circuit postal, ayant
Aiguillon pour tête ; il rappelle les difficultés rencontrées, le
pas cédé au circuit de Tonneins ; l'affaire reprise et menée à bonne
fin, grâce au concours des maires interessés. Il profite de la circonstance
pour adresser des remerciements à la presse et à toutes les personnalités
des PTT présentes : directeur, inspecteurs, receveur, etc.
A la suite de cette allocution, M.
Mazin, chevalier de la Légion d'honneur, au nom de la chancellerie,
remet officiellement les insignes de chevalier à M. Paganel, qui,
blessé dans la catastrophe de Ligneux, se distingua en cette circonstance.
M.Paganel répond et remercie en termes
émus. M. Bresson, conseiller général de Tonneins, qui s'est employé
de tout son pouvoir à la mise en marche de notre circuit, et à qui
nous sommes heureux d'adresser les félicitations et remerciements
que nous lui devons, prend à son tour la parole et fait l'historique
du circuit postal, dont le jour inaugural est arrivé.
M. Tardière, directeur des P.T.T.,
parle en dernier. Ayant saisi, dit-il, l'importance du circuit qui
répondait à un besoin pour nos populations rurales, il a mis en
œuvre tous les moyens en son pouvoir pour faire aboutir le projet.
Il est le premier à reconnaître que les municipalités lui ont été
d'un grand secours, ainsi que le personnel de son administration
pour mener l'entreprise à bon port. Et c'est pour lui l'occasion
de rendre en public hommage à tous ses subordonnés qui remplissent
tout leur devoir et plus que leur devoir, notamment M. Paganel,
qu'il est heureux de féliciter.
A 16 heures, toutes les personnalités
présentes quittent le restaurant du Coustet et se dirigent vers
le bureau de poste où l'auto postale - une suppléante, la titulaire
étant encore chez le carrossier - commence son premier chargement.
En attendant le départ, nous allons
nous permettre de remarquer l'absence d'un maire - le seul - d'une
des communes traversée par le circuit, M. le Maire de Lacépède.
Absence par ordre, dit-on, et à ce sujet, on nous conte une bonne
histoire qui fera certainement le tour du canton de Port-Sainte-Marie
dont M. Courrié est conseiller général. M. Courrié était absent,
lui aussi, évidemment. Il ne pouvait pas ne pas être absent après
sa campagne contre Aiguillon, tête de ligne du circuit. Parce que
M. Courrié, il faut bien que tous ses électeurs le sachent, a fait
tout ce qu'il a pu pour faire avorter le projet réalisé. En cette
circonstance, M. Courrié a bien mal tenu son rôle de conseiller
général, qui est de défendre les intérêts de toutes les communes
du canton, sans distinction. M. Courrié s'est discrédité en jouant
un rôle de roitelet de village. Peut-être les électeurs d'Aiguillon
et des communes traversées par la nouvelle auto postale qui, sans
elle, resteraient isolés, se souviendront-ils, lors des prochaines
élections cantonales, du parti pris malhabile de leur conseiller
général sortant.
17 heures . Les moteurs vrombissent
place du XIV juillet et devant la poste. L'auto postle démarre suivie
de six autres voitures dans lesquelles ont pris place les personnalités
déjà nommées et, par Blanchard, la route de la Cibadère, le Sud,
gagne Lagarrigue, premier arrêt, où la caravanre arrive à 17 h 10
et repart quelques minutes après en direction de Galapian où nous
sommes à 17 h 25. Le curé, M. Bériau, est au premier rang parmi
les habitants qui attendent ce premier passage de l'auto postale
et reçoivent les personnalités de son escorte. A 17 h 42 nous arrivons
à Saint-Salvy. Après un très court arrêt à Théoulès, nous touchons
Saint-Vincent à 17 h 58.
A Lacépède, maire toujours absent,
le curé, à la tête de ses paroissiens, reçoit la caravane à 18 h
4, et nous faisons halte à Saint-Sardos à 18 h 15. Nous quittons
alors la région des côteaux et piquons vers Lafitte où nous nous
arrêtons à 18 h 35. Nous sommes à Clairac à 18 h 50 ; à Bourran
à 19 h. A 19 h 10 courte halte à Saint-Brice et à 19 h24 le circuit
était bouclé et toutes les autos stoppaient devant le bureau de
poste d'Aiguillon.
A tous les arrêts du parcours, la population
est venue, par sa présence en nombre, manifester sa satisfaction
pour le circuit créé appelé à rendre à tous d'appréciables
services de différents ordres.
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