La Poste à Aiguillon
(Page mise à jour le 14 mai 2023)

Cette page page a été réalisée à partir de la brochure La Poste en Lot-et-Garonne écrite par le général Albert de Peyrelongue en 1998. (si vous trouvez des erreurs dans cette page n'hésitez pas à me les signaler en vue d'une correction)

Sous l'Ancien Régime, d'après l'Ordre et Réglement de Monsieur de Louvois, Grand Maître des Courriers, le bureau de Poste d'EGUILLON faisait partie en 1716, des 13 Bureaux de poste de la 5ème circonscription de Bordeaux (correspondant à l'actuel département du Lot-et-Garonne), dont voici la liste : Agen, Astaffort, Casteljaloux, Clérac, Eguillon, Le Temple, Marmande, Nérac, Port-Sainte-Marie, Tonneins, Sainte-Livrade, Valence d'Agenois, Villeneuve d'Agenois.

Carte des postes en France en 1632
Carte des postes en France en en 1759
En comparant les deux cartes on constate qu'Aiguillon n'avait pas encore de relais de Poste en 1632.
En 1789, le Maître de Poste était Charles Lormino.

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LA MARQUE POSTALE

La marque postale est la trace officielle, manuscrite, ou avec un cachet, apposée sur les plis confiés au service des Postes, indiquant le nom du Bureau de départ du courrier. La marque postale du Bureau de poste d'Aiguillon n'a cessé d'évoluer au cours du temps, comme partout en France. Voici quelques exemples :

Marque manuscrite sous l'Ancien Régime pour un pli parti d'Aiguillon, en port dû (le destinataire payait le port quand on lui remettait le courrier, le montant dépendant du poids et de la distance parcourue)

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Cette marque est un "Déboursé". Elle a été apposée à Aiguillon, sur un pli adressé à un destinataire d'Aiguillon, absent, inconnu ou décédé. Le port ne pouvant pas être payé au facteur, ce pli sera redirigé vers une autre adresse ou renvoyé à l'expéditeur. Cette marque a été utilisée de 1780 à 1832. Le Lot-et-Garonne porte aujourd'hui le numéro 47 parce que deux nouveaux départements ont été créés : en 1793, la Loire (n°42) avec le partage du département Rhône-et-Loire, et les Alpes-Maritimes (n°6) rattaché à la France en 1860.

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Ce cachet type 18 est celui du Bureau de "Distribution" de Damazan, créé le 1er Vendémiaire an X (23 septemmbre 1801). Un bureau de Distribution ne peut que recevoir et distribuer du courrier et ne peut faire aucune opération comptable. Ces dernières sont réservées au bureau de "Direction" d'AIGUILLON auquel Damazan est rattaché.

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Le 1er janvier 1849 apparaît le timbre poste qui sera oblitéré avec des cachets très variés (grilles en losanges, petits chiffres en 1852 puis gros chiffres de1862 à 1876 : 18 puis 24 pour Aiguillon), les timbres à date apposés sur les plis évoluant dans le temps par leur forme et leur contenu :

Oblitération par une grille
Oblitération petit chiffre Aiguillon
Oblitération Gros chiffre Aiguillon

Type 15
2 cercles de 21 et 12 mm
de 1838 à 1870
Type 16
1 cercle de 20 mm
avec le n° de la levée
Type 17
2 cercles de 23 et 15 mm
avec le n° de la levée

Type 18 (23 et 15 mm)
le département est en
toutes lettres
Type R/84
2 cercles de 24 et 14,5 mm
cercle intérieur de 12 tirets

Type 01 créé en 1901
avec l'heure de la levée
Type 04 créé en 1904
avec le n° de la levée
Horodateur ou Horoplan créé en 1930 avec l' heure de la levée
Type RP 57 avec le n° du département entre 2 points
Type RP 65 avec le n° du département sans les points

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La Poste et le chemin de fer : le convoyeur station.

Le convoyeur station est un employé des Postes qui dispose dans un wagon de 2ème classe d'un compartiment complet. Il travaille sur les lignes secondaires et sur les trains omnibus des grandes lignes. A chaque gare, il reçoit les dépêches (sacs postaux) apportées du bureau de poste de la localité, il lève les lettres dans la boîte aux lettres de la gare. Avant l'arrêt suivant, il doit trier ce courrier et l'oblitérer avec un cachet ondulé de 21 mm de diamètre, indiquant le nom de la station, le quantième du mois, les initiales des terminus de la ligne, le numéro de départ du train et le numéro du département. ce cachet a été en service de 1866 à 1877.

Oblitération d'une lettre déposée à la gare d'Aiguillon (département 45)
le 13 du mois et voyageant dans le 2ème omnibus de la ligne Toulouse-Bordeaux.

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La poste rurale

A la fin de l'Ancien Régime, le public doit encore se déplacer au bureau de direction le plus proche de son domicile pour déposer ou retirer le courrier.
En 1830, Charles X décide que des facteurs ruraux à pied, rétribués par le service des Postes, devront porter au domicile de chaque particulier, tous les deux jours, les lettres et les journaux. Ils devront aussi assurer la levée du courrier dans les boîtes de chaque commune. Chaque boîte rurale contient à l'intérieur une lettre alphabétique en relief, inscrite dans un cercle, qui devra être imprimée sur toutes les correspondances retirées de la boîte. Ce sera la première marque postale à laquelle s'ajoutera le cachet du bureau de direction dont dépend la boîte rurale. Quatre boîtes rurales dépendent d'Aiguillon : Nicole (lettre A), Galapian (lettre B), Saint-Salvy (lettre C) et Lagarrigue (lettreD). Pour financer ce nouveau service, une lettre déposée dans une boîte rurale paiera un supplément de port de 1 décime. Ce "décime rural" sera signalé sur la lettre par une marque ovale et sera en vigueur de 1830 à 1845.
Lettre déposée dans la boîte rurale de Galapian (B) dépendant du bureau d'Aiguillon
Marque du décime rural

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Le circuit postal automobile

En 1927, il fut décidé de perfectionner les services de la Poste rurale en la motorisant. L'Administration mit sur pied un certain nombre de circuits qui groupaient certaines tournées de facteurs ruraux.
Le 16 mars 1931, le circuit postal automobile desservant le Nord d'Aiguillon, fut inauguré (1). En voici la carte :

Aiguillon, Clairac, Lafitte avaient un bureau de Poste. Aiguillon qui disposait d'une gare était la tête du circuit. Les autres localités avaient un correspondant postal, C.P. sur le plan.
Ce correspondant postal était un particulier (en général un petit commerçant, un aubergiste...) agréé par l'administration. Ce dernier était tenu de réserver un local pour servir de "bureau de poste". Habilité à effectuer certaines opérations postales, il était rétribué par l'administration et percevait de la part de la commune une indemnité. Le correspondant recevait du bureau de poste de rattachement, la dépêche postale sous forme d'un sac fermé par une forte chaîne cadenassée ; celle-ci contenait les correspondances ordinaires, les objets de valeur et le numéraire. Le correspondant distribuait à domicile les correspondances ou pouvait engager un "auxiliaire distributeur". Le correspondant postal assurait, avant le passage de la voiture, la vente de timbres, la réception de lettres et colis recommandés, le service des mandats ainsi que le service du téléphone et des télégrammes. La voiture postale qui appartenait à une entreprise privée pouvait aussi transporter des passagers. Elle partait d'Aiguillon, le matin à 6 h 30 et le soir à 16 h 50, après le passage du train omnibus venant de Bordeaux. Le chauffeur était rémunéré par La Poste. Les derniers correspondants postaux ont disparu au début des années 1990.

Plaque émaillée signalant le Correspondant Postal
Oblitération par le correspondant postal n°2 de Galapian

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Les années 90

La flamme postale arrive à Aiguillon
En réalité elle est apparue à la fin du XIXème siècle avec la mécanisation de l'oblitération


L'équipe des postières et postiers d'Aiguillon en 1998, photographiés à l'occasion de l'exposition
sur l'Histoire de la Poste réalisée par l'association Aiguillon Traditions et Arts au Musée Raoul Dastrac,
exposition à laquelle ils avaient apporté leur soutien.
( Si l'une ou l'un d'entr'eux se reconnaît, qu'il nous contacte et éventuellement nous donne
les noms de ses collègues, qu'il ou elle en soit remercié par avance ! )

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Le bureau de Poste d'Aiguillon rénové l'année 2000

Avant les travaux de rénovation
Rue Gambetta, le bureau provisoire pendant les travaux du 29/4/2000 au 29/11/2000
En survolant l'image avec le pointeur, les vieux aiguillonnais reconnaîtront peut-être le
regretté et dynamique facteur Gaby Trilla
Depuis le 30/11/2000 après rénovation

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(1) Article de presse de l'époque :

L'inauguration du circuit automobile postal d'Aiguillon.

Le circuit postal automobile, ayant son point de départ et d'arrivée à Aiguillon, a été inauguré le lundi 16 mars1931.

A midi, un banquet très bien servi réunissait au restaurant du Coustet une vingtaine de convives : MM. Tardière, directeur des PTT ; Destrem, inspecteur des services postaux ; Ducourneau, inspecteur des services techniques ; Mourgues, agent principal de surveillance ; Paganel, chef de brigade des services ambulance ; Déjean, receveur à Aiguillon ; Bresson, conseiller général ; Bazin, maire d'Aiguillon ; Réjalot, maire de Lagarrigue ; Cassny, maire de Galapian ; Lasserre, maire de Saint-Salvy ; Jonquière, maire de Saint-Sardos ; Fauché adjoint délégué au maire de Lafitte ; Roubé, maire de Clairac ; Safrini, maire de Bourran ; Vidal, adjoint au maire d'Aiguillon ; de Ribérot, publiciste ; Dumonal, pharmacien ; S. Lignac, ingénieur agricole, etc.

Des discours clôturent cette réunion :

M. Bazin, maire d'Aiguillon, prend la parole le premier. Il trace la genèse du circuit postal, ayant Aiguillon pour tête ; il rappelle les difficultés rencontrées, le pas cédé au circuit de Tonneins ; l'affaire reprise et menée à bonne fin, grâce au concours des maires interessés. Il profite de la circonstance pour adresser des remerciements à la presse et à toutes les personnalités des PTT présentes : directeur, inspecteurs, receveur, etc.

A la suite de cette allocution, M. Mazin, chevalier de la Légion d'honneur, au nom de la chancellerie, remet officiellement les insignes de chevalier à M. Paganel, qui, blessé dans la catastrophe de Ligneux, se distingua en cette circonstance.

M.Paganel répond et remercie en termes émus. M. Bresson, conseiller général de Tonneins, qui s'est employé de tout son pouvoir à la mise en marche de notre circuit, et à qui nous sommes heureux d'adresser les félicitations et remerciements que nous lui devons, prend à son tour la parole et fait l'historique du circuit postal, dont le jour inaugural est arrivé.

M. Tardière, directeur des P.T.T., parle en dernier. Ayant saisi, dit-il, l'importance du circuit qui répondait à un besoin pour nos populations rurales, il a mis en œuvre tous les moyens en son pouvoir pour faire aboutir le projet. Il est le premier à reconnaître que les municipalités lui ont été d'un grand secours, ainsi que le personnel de son administration pour mener l'entreprise à bon port. Et c'est pour lui l'occasion de rendre en public hommage à tous ses subordonnés qui remplissent tout leur devoir et plus que leur devoir, notamment M. Paganel, qu'il est heureux de féliciter.

A 16 heures, toutes les personnalités présentes quittent le restaurant du Coustet et se dirigent vers le bureau de poste où l'auto postale - une suppléante, la titulaire étant encore chez le carrossier - commence son premier chargement.

En attendant le départ, nous allons nous permettre de remarquer l'absence d'un maire - le seul - d'une des communes traversée par le circuit, M. le Maire de Lacépède. Absence par ordre, dit-on, et à ce sujet, on nous conte une bonne histoire qui fera certainement le tour du canton de Port-Sainte-Marie dont M. Courrié est conseiller général. M. Courrié était absent, lui aussi, évidemment. Il ne pouvait pas ne pas être absent après sa campagne contre Aiguillon, tête de ligne du circuit. Parce que M. Courrié, il faut bien que tous ses électeurs le sachent, a fait tout ce qu'il a pu pour faire avorter le projet réalisé. En cette circonstance, M. Courrié a bien mal tenu son rôle de conseiller général, qui est de défendre les intérêts de toutes les communes du canton, sans distinction. M. Courrié s'est discrédité en jouant un rôle de roitelet de village. Peut-être les électeurs d'Aiguillon et des communes traversées par la nouvelle auto postale qui, sans elle, resteraient isolés, se souviendront-ils, lors des prochaines élections cantonales, du parti pris malhabile de leur conseiller général sortant.

17 heures . Les moteurs vrombissent place du XIV juillet et devant la poste. L'auto postle démarre suivie de six autres voitures dans lesquelles ont pris place les personnalités déjà nommées et, par Blanchard, la route de la Cibadère, le Sud, gagne Lagarrigue, premier arrêt, où la caravanre arrive à 17 h 10 et repart quelques minutes après en direction de Galapian où nous sommes à 17 h 25. Le curé, M. Bériau, est au premier rang parmi les habitants qui attendent ce premier passage de l'auto postale et reçoivent les personnalités de son escorte. A 17 h 42 nous arrivons à Saint-Salvy. Après un très court arrêt à Théoulès, nous touchons Saint-Vincent à 17 h 58.

A Lacépède, maire toujours absent, le curé, à la tête de ses paroissiens, reçoit la caravane à 18 h 4, et nous faisons halte à Saint-Sardos à 18 h 15. Nous quittons alors la région des côteaux et piquons vers Lafitte où nous nous arrêtons à 18 h 35. Nous sommes à Clairac à 18 h 50 ; à Bourran à 19 h. A 19 h 10 courte halte à Saint-Brice et à 19 h24 le circuit était bouclé et toutes les autos stoppaient devant le bureau de poste d'Aiguillon.

A tous les arrêts du parcours, la population est venue, par sa présence en nombre, manifester sa satisfaction pour le circuit créé appelé à rendre à tous d'appréciables services de différents ordres.

 

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