Le château Ducal
(Page mise à jour le 31/03/2023)

Voir la description sur le site du Ministère de la Culture

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Le château médiéval du Fossat.
Avant la construction du château du XVIIIe siècle s’élevait, à cet emplacement un château féodal de la seigneurie du Fossat, construit au début du XIVe siècle, remanié dans la seconde moitié du XVe, avec un donjon crénelé, une tour garnie de mâchicoulis en pierre, des fenêtres à meneaux et un chemin de ronde.
Il était constitué d'un corps de logis s'étendant à l'ouest avec une aile en retour sur la cour côté nord, tout près de l'église paroissiale et communicant avec elle. À l'est et au sud, un mur d'enceinte. Au-delà du mur sud, deux groupes d'habitations privées.
Il ne reste rien aujourd’hui de ce château fort.
Il était très délabré quand le cardinal de Richelieu, le 2 août 1637, racheta le duché-pairie d’Aiguillon pour la somme de 400 000 francs pour l’offrir à Mme de Combalet [Marie Madeleine de Vignerot (1604-1675)], la fille de sa sœur aînée. Elle reçut, en 1638, ses nouveaux titres de Louis XIII. Elle fut la 1ère duchesse d'Aiguillon.
Mais Madame de Combalet ne résida nullement au château du Fossat, préférant à la province les salons parisiens où elle côtoyait les écrivains célèbres, comme le grand Corneille qui lui dédia Le Cid. Très généreuse, elle fonda un hospice à Aiguillon et aida, par ses largesses, les religieuses de la Croix à soulager les malheureux.

A la mort de Mme de Combalet, en 1675, c’est sa nièce, Marie-Thérèse de Vignerod, (1636-1704) qui hérita et devint la 2ème duchesse d'Aiguillon ; mais elle s’occupa peu d’Aiguillon et se retira dans un couvent.

Ses titres et le duché-paierie revinrent à sa mort, en 1704, à son neveu, Louis-Armand du Plessis de Vignerod, marquis de Richelieu (1654-1730) qui ne réussit pas à faire reconnaître son titre de du, ni par Louis XIV, ni par le Régent ; il avait épousé Marie-Charlotte de La Porte de La Meilleraye, fille d'Hortense Mancini, l'une des nièces du cardinal de Mazarin, après l'avoir enlevée dans un couvent, d'où sa disgrâce. Joueur et débauché, il finit ruiné.
Un procès-verbal de 1704 joint à la prise de possession du duché par Louis-Armand de Vignerod révèle l’état pitoyable du château du Fossat : « portes sans serrures, chapelle décarrelée… fenêtres brisées et rompues… chambres en très mauvais état, les portes, les lambris, les planchers, les fenêtres, les vitres et généralement tout menaçant ruine et sur le point de tomber… appartements dans lesquels on ne peut entrer sans encourir de danger, les planchers étant tous pourris tant au-dessus qu’au dessous… la charpente et le toit entièrement ruinés… galetas tout ruiné et en danger de tomber, ne pouvant pas entrer dans les chambres à cause du péril éminent qu’il y a, les toits étant rompus et y pleuvant partout. »
Il est mentionné qu’une porte de la chapelle donnait par un souterain sur les fossés de la ville sur lesquels bien des Aiguillonnais s’interrogent de nos jours. Le souterrain débouche dans le jardin d’une maison particulière, mais, à notre connaissance, personne ne l'a vraiment exploré [on peut apercevoir sa sortie à travers la grille du jardin du 19 Cours Alsace-Lorraine].

En 1729, à la mort de Louis-Armand, c'est son fils Armand-Louis (1683-1750) qui lui succéda et obtint de porter le titre de 1er duc d'Aiguillon.

Le château actuel.
A la mort d'Armand-Louis, son fils Emmanuel-Armand de Vignerod du Plessis de Richelieu (1720-1788), 2ème duc d'Aiguillon fut à l’origine de la construction du château actuel ; il hérita des terres et des titres, mais pas plus que ses prédécesseurs – et on le comprend, vu l’état de la vieille bâtisse- il n’eut le désir de loger dans le château du Fossat, trop vétuste, et trop éloigné de Versailles. Il était d’ailleurs retenu ailleurs par ses fonctions de ministre de Louis XV ou de gouverneur de Bretagne et possédait, plus près de Paris, le ravissant château de Véretz, sur les rives du Cher, où il résidait parfois. Une description du château médiéval datant de 1765 reconnaît qu’il est impropre à recevoir un ministre de Louis XV : « Quoique l’ancien château d’Aiguillon dans toute son intégrité conserve ce caractère de splendeur relatif à une ancienne et grande propriété, on ne peut se dissimuler qu’il était insuffisant pour le logement convenable à un Pair de France au centre de son Duché. »
Quand on prend connaissance, dans les documents d’archives de l’état du château médiéval, on comprend aisément que, dès cette époque, le Duc d’Aiguillon ait songé à le faire raser pour construire une demeure plus confortable. Il chargea Jean-Baptiste Pasumot, ingénieur géographe, d’acheter, afin de les démolir, toutes les maisons qui gênaient la nouvelle construction et même, pour dégager la perspective, celles qui se seraient trouvées sur l’esplanade devant le futur château.
Un seul propriétaire refusa d'abandonner sa maison qui était en face du portail de la principale entrée et de l'avenue qui y conduisait. Le duc céda à l'obstination de ce particulier, au grand étonnement de tous ses vassaux ; la maison de ce particulier fut alors surnommée Gibraltar.
Certains expropriés furent alors relogés dans de nouvelles bâtisses, dans un lieu qu’on appelle encore le Quartier Neuf. Les projets étaient grandioses, non seulement pour le château, mais aussi pour la ville d’Aiguillon. Déjà, en Bretagne, où il était gouverneur, le Duc avait montré son intérêt pour l’amélioration des villes, des ports et des voies de communication. À Aiguillon, les travaux furent exécutés sous la direction d’André Mollié, architecte de Barsac, de son fils Pierre, puis de Charles Le Roy, ingénieur des Ponts et Chaussées qui s’installa à Agen en 1771 comme intendant du duc.

Plan de la ville d'Aiguillon en 1748 :
A-Eglise paroissiale. B-Château du Fossat. C-Hôtel de Ville. D-Les religieuses de la Croix.
E-Eglise des Carmes. F-Porte d'en haut. G-Beffroi. H-Porte d'en bas. I-La halle. J-Les écuries.
K-Emplacement de l'escalier monumental. L-Les boucheries. M-Le Palais et la Prison.
N-Les Promenades. O-Château de Lunac.

L’aile sud [en rouge sur le plan] fut construite en premier, de 1765 à 1774, alors que le duc résidait encore à Versailles. Elle devait se raccorder au corps de logis de l'ancien château. Elle est bâtie sur des caves à voûtes d'arête, à l'emplacement des deux groupes d'habitations privées qui ont été rachetées et rasées. Il était prévu un passage souterrain pour réunir ces nouvelles caves à celles de l'ancien château.

Voûte d'arêtes
(croisement de deux voûtes en plein cintre)
Plan de l'escalier d'honneur

Le grand escalier partant de la porte d'entrée et menant au premier étage commence par quatre marches galbées, suivies d'un premier repos, puis quatorze marches jusqu'à un second repos et enfin huit autres marches. L'escalier d'origine, paradoxalement en bois, a été détruit et sa rampe en fer forgé de Pierre Valette a disparu. Seule subsiste la rampe de l'escalier menant du premier étage aux combles.
À la mort de Louis XV, en 1775, le duc d’Aiguillon fut contraint à l’exil en raison de l’animosité de la nouvelle reine Marie-Antoinette, qui l’avait toujours détesté et qui lui reprochait d’être hostile aux Autrichiens et trop intime avec la Comtesse du Barry, maîtresse de son beau-père. Les causes de cette disgrâce sont longuement évoquées dans le livre de Lucien Laugier. Non contente de l’éloigner de Versailles, la reine lui interdit de vivre dans son ravissant château de Véretz, trop près à son goût de Paris et l’éloigna en Aquitaine. Quant à la construction du château, elle a été minutieusement décrite par Agnès Birot (
Revue de l'Agenais d'Avril-Juin 1984) et, avant elle, par Philippe Lauzun.

1775-1785, l’époque grandiose du "Versailles aquitain".

Le bâtiment central fut construit de 1774 à 1778, la Comédie de 1778 à 1780 et les communs en 1780 et les années suivantes.
Construit en dernier dans le prolongement de l'aile Sud, symétriquement aux Communs au Nord, le pavillon de la Comédie abritait un théâtre dont les seuls vestiges sont des fragments d'éléments de décors peints sur les murs, que l'on a pu aperçevoir à travers les échafaudages en 2019 depuis la rue Thiers à l'occasion des travaux de restauration entrepris par la Commune.

Parmi les éléments encore présents, un reste de fresque représentant un chapiteau ionique avec ses volutes et le haut du fût d'une colonne cannelée.

G. Tholin a fait une description de la salle de spectacle qui n'était pas " une salle banale à transformer au besoin pour des représentations dramatiques. Toute une aile du château avait été exclusivement ordonnée en vue de cette destination. L’amphithéâtre et la scène laissaient place à d’utiles dépendances, un chauffoir pour les dames et deux foyers. Deux portes matelassées isolaient ces annexes. Deux portes de même façon ouvraient l’une sur l'escalier, l’autre sur la rue. La salle, éclairée par des lustres de cristal, entourée de loges, garniesd’accoudoirs, de banquettes rembourées et de bancs plus simples, était assez vaste pour recevoir un nombreux public. "

Arthur Young, de passage à Aiguillon peu avant la Révolution écrivit : "Nous passons à travers une riche vallée bien cultivée, à AIGUILLON ; beaucoup de chanvre, et toutes les femmes du pays occupées à ce travail. Plusieurs fermes jolies et bien bâties sur de petites propriétés, et tout le pays fort peuplé. Nous examinons le château du duc d'Aiguillon, qui, étant dans la ville, est mal situé selon toutes les idées champêtres : mais une ville est toujours en France l'accompagnement d'un château, comme c'était autrefois dans les plus grandes parties de l'Europe ; cela semble avoir été le résultat des arrangements féodaux, afin que le grand seigneur pût avoir ses esclaves plus près de lui, comme il bâtit son écurie près de sa maison. Cet édifice est considérable, bâti par le duc actuel, commencé il y a environ vingt ans, lorsqu'il fut exilé ici pendant huit ans, et grâce à l'exil, le bâtiment s'avança noblement ; le corps du château est fini, les ailes détachées, presque achevées, mais aussitôt que la sentence fut cassée, le duc partit pour Paris et ne revint plus ; conséquemment tout est arrêté. C'est ainsi que l'exil seul peut forcer les Français à faire ce que les Anglais font pour leur plaisir, à résider dans leurs terres et à les améliorer. Il s'y trouve une chose magnifique, c'est qu'il y a un théâtre vaste et élégant qui remplit une des ailes ; l'orchestre est pour vingt musiciens, nombre entretenu, nourri et payé par le duc lorsqu'il était ici... en Angleterre, les possesseurs de grands biens préfèrent les chiens à tous les plaisirs que peut procurer un théâtre." (Voyages en France 1787-1790)

Curieusement, la façade nord des communs était rendue aveugle par les écuries [J sur le plan] de l'ancien château, construites dans le prolongement de l'église et qui n'avaient pas encore été démolies.
Rien ne fut épargné pour faire du bâtiment une demeure élégante, luxueuse et confortable. Immensément riche, le Duc, chassé de Paris, voulait, dans son exil, rivaliser avec Versailles. Le duc et la duchesse disposaient de lieux à l'anglaise [WC] et de cabinets de bains équipés de baignoires alimentées en eau chaude par deux chaudières fabriquées par des artisans bordelais. Ce type d'équipement n'apparut à Versailles qu'après 1770.
L'ensemble des travaux, rachats de terrains et maisons est évalué à 450 000 livres. Malgré cela, la famille d'Aiguillon était encore très riche à la mort du duc. À cette époque, le salaire d'un maçon était de 25 sols (1 livre 1/4) par jour.
Le duc et la duchesse organisèrent des fêtes somptueuses, reçurent les aristocrates locaux et ceux de Bretagne parmi ceux qui leur étaient restés fidèles, notaires, évêques et notables. La Comtesse du Barry elle-même fut reçue plusieurs fois par le duc. Alain Paraillous a étudié avec le talent qu’on lui connaît la vie fastueuse au château ducal dans son livre La vie quotidienne au château d’Aiguillon du temps de sa splendeur. Les représentations théâtrales et musicales tenaient une grande place dans ces festivités. On savait, au château d’Aiguillon, dans un cadre somptueux, se distraire, s’amuser, danser, jouer la comédie et apprécier les bons vins et la bonne chère. Selon G. Tholin, Documents sur le château d’Aiguillon confisqué en 1792, pendant le mois d’avril 1782 on a bu " à la grande table 577 bouteilles de vin d’une soixantaine de crus différents ; à l’office, 1484 bouteilles. "

En ligne : La vie au château d'Aiguillon au couchant de la monarchie par Philippe Lauzun
dans la Revue de l'Agenais, volume 41, 1914, pages 293 à 323.

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Projet pour le Château Ducal et la ville d'Aiguillon
Vue perspective de Charles Leroy, architecte du futur château ducal

En 1785, Emmanuel Armand de Vignerot put repartir à Paris où il mourut en 1788. La construction du château fut donc interrompue, ce qui explique l’absence de l’aile nord. Les travaux de l'aménagement extérieur se poursuivirent cependant :
Côté Carterées, à l'ouest, on aménaga des terrasses.
Côté cour, à l'est, on déplaca l'ancien hôtel de ville [C sur le plan] qui se situait dans le prolongement des écuries [J sur le plan], pour le reconstruire à l'extrémité nord de la ville, près de la halle et des boucheries [I et L sur le plan].
L'église paroissiale [A] et l'église des Carmes [E] qui lui fait face furent dotées de portails néoclassiques. Au 19e siècle, quant on démolit l'église paroissiale, son portail fut réutilisé lors de la construction de la chapelle des pêcheurs du Lot [actuel Musée Raoul Dastrac].
On construisit l'escalier monumental situé à l'extrémité nord de l'actuel Cours Alsace-et-Lorraine [K sur le plan], pour mener au faubourg du Lot.

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La façade Est et le fronton oriental du château, devenu Lycée Stendhal en 1964

Le fronton d'origine représentant les armoiries ducales fut sculpté par Cabirol (sculpteur bordelais). Il fut détruit pendant la Révolution pour faire disparaître tout symbole de la noblesse. Le fronton a été refait au moment de la restauration du château en 1962 par Androusov ; il figure un cadran solaire. De part et d'autre du cadran, deux femmes se tournent le dos et jouent d'instruments de musique. (d'après Agnès Birot, Revue de l'agenais, avril-juin 1984)
Les armoiries sculptées par Cabirol furent détruites pendant la Révolution ; en 1923, une horloge ayant coûté 9000 Francs de l'époque fut placée sur le fronton (elle apparaît sur d'anciennes cartes postales).

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La façade ouest

La façade ouest vers 1900 avec des élégantes au premier plan,
et une locomotive à vapeur de la ligne Bordeaux à Sète

La façade ouest vers 2000, les élégantes n'y sont plus et le TGV remplace la vapeur !
Noter que les cheminées du château ont disparu lors de sa restauration

Le fronton occidental

Le fronton de cette façade fut également sculpté par Cabirol. Il représente deux personnages allégoriques : une femme au port majestueux, aux formes généreuses, montre à un disciple des attributs tels que le globe terrestre, carte, compas, comme pour l'inciter à l'étude des sciences ou à la découverte. (d'après Agnès Birot, revue de l'agenais, avril-juin 1984)
Selon d'autres sources, il s'agirait d'une allégorie de la Garonne et du Lot, tout près du confluent, ou bien encore d'une allégorie de la paix...
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Le pigeonnier ou colombier situé hors ville, à l'Est, à l'extrémité de la rue Marceau.

Vue de l'extérieur, montrant au tiers de la hauteur en partant du bas un bandeau de pierres saillantes, appelé larmier ou radière ou randière, destiné à interdire la montée aux prédateurs (rats, fouines, belettes…).

Vue de l'intérieur, montrant les boulins en briques maçonnées, tapissant les parois, dans lesquels les pigeons font leurs nids, pondent et couvent à l'abri des prédateurs.

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En 1792, le château fut confisqué par l'Etat avec le mobilier, les oeuvres d'art et la bibliothèque et tous les ouvrages musicaux.
A notre époque, il subsiste encore dans des vieilles familles aiguillonnaises des meubles, des tableaux et des objets de décoration qui avaient été acquis lors d'une vente aus enchères, par des particuliers, après leur confiscation pendant la Révolution. Cliquez ICI.

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Grandeurs et vicissitudes du château ducal d'Aiguillon
(D'après un document rédigé en 2005 par J.L., professeur de lettres au Lycée Stendhal
à l'occasion du quarantième anniversaire de l'inauguration de la restauration du château).


Le 10 novembre 1792, le château fut divisé en quatre lots destinés à être vendus mais ils ne trouvèrent pas d'acquéreurs. En 1797, la commune loua le bâtiment principal et le transforma en Manufacture des Tabacs. On y entreposait les récoltes des communes environnantes, réceptionnées de janvier à mars, et on faisait " subir à l'herbe de Nicot diverses opérations préliminaires avant que de l'expédier aux manufactures de l'État" . On y traitait alors exclusivement du tabac à priser et à chiquer. Il faut croire que la culture du tabac était très importante dans la région puisqu'il fallut dans le courant du XIXe siècle ajouter deux étages intermédiaires, l'un au premier étage du château, l'autre au second. On voit assez nettement, sur certaines cartes postales anciennes, ces étages supplémentaires qui se trouvent à mi-hauteur des grandes fenêtres. On pouvait alors disposer de six étages pour entreposer et traiter le tabac.

Une partie du château, on ignore laquelle précisément, fut attribuée en 1804 à l'organiste du Duc, M. Chabeau, qui en avait fait la demande pour y diriger une école privée. Il y instruisit chaque année une quinzaine d'élèves internes et quelques externes, jusqu'en 1815 où l'établissement, de plus en plus déserté par les élèves, fut fermé.

Sous l' Empire, les Chabrillan, héritiers d'Armand-Désiré de Vignerod, dernier duc d'Aiguillon, récupérèrent le château, qui n'avait pas été vendu comme bien national.
En 1834, ils vendirent à des particuliers, en plusieurs lots, les différents bâtiments du château et c'est en 1852 que la commune racheta le corps de logis principal pour la somme de 110 000 francs mais il ne fut pas pour autant bien entretenu.

En 1834, on détruisit les derniers vestiges du château médiéval.
Quant au château ducal, il continua à être affecté à la Manufacture des tabacs et tout au long du XIXe siècle, immeuble simplement utilitaire, il fut très mal entretenu. Quant aux autres bâtiments, Théâtre, Communs, ils furent vendus à des particuliers.

En octobre 1847, le poète agenais Jasmin, invité par le Maire, se rendit à Aiguillon pour la fête de Saint-Côme où il reçut un accueil enthousiaste. Il écrivit aussitôt un charmant poème A la vila d'Agulhon, dans lequel il évoque son " castel que ploùro !" C'est vrai que le pauvre château ducal, même parfumé aux effluves du tabac, semblait pleurer et regretter les fastes du siècle précédent. Lentement, il continuait à se dégrader.

En 1918, l'Administration des Tabacs fit installer, à ses frais, l'électricité et durant toute la moitié du XXe siècle, de nombreuses réparations d'urgence durent être effectuées, à la toiture ou aux chéneaux : 25000 F en 1920 ! En 1923, avait été placée une horloge de 9000 F sur le fronton du château. On la voit très bien sur les vieilles cartes postales et elle ne dut être enlevée qu'en 1962, lorsqu'un nouveau fronton fut sculpté par Androusov. En plus des injures du temps, le château fut gravement endommagé par un cyclone en 1935 et la Mairie fut obligée une nouvelle fois d'entreprendre d'importantes réparations. Mais des événements encore plus importants n'allaient pas tarder à secouer le château et la France entière.

Occupation du château durant la Seconde Guerre mondiale
Dès le début des années 30 était envisagée l'hypothèse d'un conflit armé avec l'Allemagne. Les préfectures des départements du nord de la France s'efforçaient d'établir des programmes de repliement, en cas de guerre, des populations du nord de la France. Á Aiguillon, dès le mois d'avril 1939, alors que la guerre contre l'Allemagne n'allait être déclarée que le 3 septembre, le Maire avait reçu une lettre du Préfet lui demandant d'organiser, dans la commune, en cas de guerre, une " Défense passive ". L'hospice existant étant nettement insuffisant, il fut décidé de rechercher des maisons susceptibles de loger des réfugiés et surtout d'aménager le château. Il fallut donc, le 12 septembre 1939, rompre momentanément le bail avec l'Administration des Tabacs et lui signifier l'ordre de réquisition. Le 19, tout le tabac et le matériel de la Manufacture étaient évacués. Le Préfet du Lot-et-Garonne ordonna, en avril 1940, une inspection du château d'Aiguillon et le rapport fut accablant : " Tous les planchers et plafonds sont rudimentairement aménagés en bois, soutenus par des pans de murs et des poutres en bois. Les planchers sont en mauvais état et difficiles à entretenir. Le nettoyage à l'eau est impossible puisque chaque plancher de l'étage supérieur forme le plafond de l'étage inférieur. Une sensible différence de niveau des planchers existe entre les planchers du bâtiment principal et ceux de l'aile. Beaucoup de fenêtres ferment très mal et des courants d'air continuels traversent le bâtiment. La cause essentielle de ces courants d'air violents me paraît provenir de la mauvaise fermeture des fenêtres et de l'insuffisance de la fermeture des cages d'escalier. "
La disposition des étages est ainsi envisagée :
a) rez-de-chaussée : 5 grandes pièces et un local aménagé en cuisine. 1 bureau, 1 réfectoire, 1 dortoir pour impotents composé de 3 locaux avec au total 60 lits, 1 buanderie.
b) 1er étage : 9 pièces dont 1 aménagée en vestiaire-lavabo-cabinet, les 8 autres en dortoirs où 140 lits pourront être placés.
c) 2ème étage : mêmes dispositions qu'au premier étage avec un total de 150 lits.
d) 3ème étage : 10 pièces dont 1 vestiaire-lavabo-cabinet , 1 cuisine, 2 réfectoires, 6 dortoirs avec au total 110 lits.
e) 4ème étage : 9 pièces dont 1 vestiaire-lavabo-cabinet et 8 dortoirs avec au total 170 lits.
Total du nombre de lits : 650

En 1940, le nord de la France fut envahi par l'armée allemande et il fallut trouver dans le sud des locaux pour accueillir les nombreux réfugiés.

Le 10 mai 1940, la ville de Villers-Cotterêts subit un premier bombardement allemand et le transfert à Aiguillon des pensionnaires de la Maison de retraite fut décidé. Après un long voyage en train, épuisés, ils arrivèrent à Aiguillon le 23 mai. Certains membres du personnel d'encadrement arrivèrent à part, dans quatre véhicules.

Les réfugiés de Villers-Cotterêts allaient rester à Aiguillon jusqu'en 1945 moyennant un loyer de 7963,75 f pour l'année 1940, 25000 F pour les années suivantes, sommes payées par la Préfecture de Police de la Seine. La Maison de Retraite eut également à sa charge des travaux concernant l'évacuation des eaux usées qui dégageaient des odeurs pestilentielles jusque sur la voie ferrée pour la somme de 20000 F.

Témoignage d'une Aiguillonnaise mariée à un réfugié de Villers-Cotterêts
" Des jeunes filles d'Aiguillon étaient allées accueillir les réfugiés à la gare et un repas avait été préparé à leur intention. L'installation était si précaire que les surveillants ont très vite cherché à se loger en ville. La famille M. a été logée chez ma tante, et c'est ainsi que j'ai connu celui qui allait devenir mon mari. Les surveillants et les personnes âgées avaient un uniforme bleu, les hommes portaient des casquettes et les femmes une jupe plissée et un curieux fichu sur la tête, plissé comme une fraise. Les surveillants aimaient beaucoup le vin d'Aiguillon et le dimanche, il fallait souvent les rapporter chez eux, ivres morts, sur un charreton. Pour améliorer l'ordinaire, les employés effectuaient des travaux en ville ; ainsi M. D., un tailleur, faisait des travaux de couture pour des particuliers. "

Texte de Monsieur Génard
Le 20 mai, un télégramme avait été envoyé à un autre hospice du nord qui avait envisagé de se réfugier dans le sud-ouest, celui de Bischwiller, déclarant que le château d'Aiguillon - du fait de l'arrivée imminente de réfugiés de Villers-Cotterêts - était INDISPONIBLE. Par une erreur malencontreuse, le télégraphiste écrivit INDISPENSABLE ! Aussi, lorsque, le 4 juin, le Directeur de l'hospice de Bischwiller reçut l'ordre d'évacuer, il organisa aussitôt le départ vers Aiguillon ! Le 7 juin, à 2 heures du matin, juste avant l'arrivée des troupes allemandes, le train-convoi partait pour un voyage de trois jours. Il faut imaginer ces 700 personnes, dont beaucoup sont très âgées, infirmes ou impotentes, entassées dans les wagons, traversant un pays en déroute, craignant les bombardements…
Or, à Aiguillon, le château était déjà en grande partie occupé. Seul restait le 4ème étage, le plus inconfortable, sans eau chaude, et même sans eau du tout avant dix heures du matin ! 150 personnes pourtant y furent logées, les 550 autres étant envoyées ailleurs, dans un hospice auxiliaire de la Croix-Rouge d'Aiguillon, au château de Buzet, à l'usine de bouchons désaffectée de Mézin.
Les réfugiés de Bischwiller vivaient dans des conditions d'insalubrité encore plus épouvantables que ceux de Villers-Cotterêts : pas de cuisine - il fallut acheter des fourneaux et des lessiveuses pour faire la soupe -, installations sanitaires déplorables.
Pour tous, la vie était très dure. Aux misères dues à la vieillesse et aux maladies s'ajoutaient un profond sentiment de déracinement et les difficultés d'approvisionnement en nourriture, les prix ayant beaucoup augmenté en raison de la pénurie. De plus, l'accueil des Aiguillonnais, touchés eux aussi par la dureté de la vie, ne fut peut-être pas toujours très chaleureux. Ceux de Bischwiller surtout étaient considérés presque comme des Allemands. Pour tout le monde, la viande et le pain étaient rationnés, on ne disposait dans le meilleur des cas que de 250 g de viande par personne et par semaine.
Chaque jour apportait son lot de décès de réfugiés (61 du 7 juin au 26 octobre 1940 !) et on enterrait les morts dans des cercueils rudimentaires, à droite du cimetière de la ville mais aussi au cimetière de Sainte Radegonde. Ces tombes et leurs croix de bois noires occupaient après la guerre tant d'espace qu'il fut décidé de rassembler toutes les dépouilles de réfugiés dans une fosse commune, dont il ne subsiste aucune trace.
Les réfugiés de Bischwiller repartirent chez eux le 23 octobre 1940, bien avant ceux de Villers-Cotterêts. Mais tous ne repartirent pas. Restèrent des malades intransportables, et de nombreuses personnes décédées ou suicidées manquèrent à l'appel. En effet, la maladie, la vieillesse ou la misère frappèrent durement ces populations et les Aiguillonnais ont le souvenir de réfugiés faméliques, mendiant un morceau de pain, ramassant les restes des étals sur les marchés, mangeant, selon certains, des orties ou même les feuilles des arbres.

Jusqu'en 1925, l'administration des tabacs avait donné à la Mairie 12 500 F par an pour la location du château, mais comme la municipalité demandait sans cesse une augmentation, le SEITA (Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes) résolut dès cette époque de construire un nouvel entrepôt, à Saint-Côme.
Pourtant le château, après la Deuxième Guerre Mondiale, malgré la construction de l'immense entrepôt des tabacs, fut de nouveau loué à l'administration des Tabacs. Il est vrai qu'à l'époque, le Lot-et-Garonne, avec 4500 hectares de tabac, était le premier département producteur de tabac, et la commune d'Aiguillon, avec 1000 hectares, était une des premières communes tabacoles de France, sinon la première. Elle fournissait en moyenne chaque année 2 000 tonnes de tabac. Une soixantaine de personnes y étaient employées à temps plein, mais l'effectif était d'une centaine, et même 200, selon M. Corrocher , surtout des femmes, à certaines périodes (janvier, février notamment).
Il semble que le château ait aussi été loué par la Coopérative de stockage des blés de Clairac car les comptes-rendus du Conseil Municipal parlent de relever le montant du bail.

En 1952, la municipalité s'inquiétait de l'état lamentable du château. Il était si dégradé qu'on songea un instant à le raser.
Un entrepreneur de Bordeaux fut contacté et fournit un devis de 7 millions de francs seulement pour refaire les toitures.
Le 7 mai 1953, quand Louis Jamet fut élu maire d'Aiguillon, le château était pratiquement en ruine. Le toit s'effondrait. Les corniches étaient envahies d'herbes et le lierre grimpait jusqu'aux fenêtres mansardées. Pendant de nombreuses années, les amoureux du patrimoine se sont battus pour que le château fût sauvé et restauré, mais le coût de cette restauration dépassait les crédits à la disposition de la commune. Il fallait obtenir des subventions de l'État. On songea à en faire un établissement scolaire secondaire. Déjà existait, à côté, une importante École Primaire Supérieure, à l'étroit dans ses locaux puisqu'en juillet 1953, le Conseil Municipal avait demandé au SEITA deux salles du château pour y loger deux classes.
En réunissant les deux bâtiments, en rasant les locaux de l'école primaire pour élever des bâtiments plus importants, en restaurant le château, on pouvait créer un grand lycée susceptible d'accueillir les élèves d'Aiguillon et des petites communes voisines.
Ce n'était qu'un projet, et pendant plusieurs années, on proposa d'autres affectations : location à la société des emballages du sud-ouest, colonie de vacances pour la banque N.C.I., vente à un industriel parisien susceptible de s'installer à Aiguillon… Malgré sa vétusté, le château restait le bâtiment le plus prestigieux de la ville et lorsque des manifestations importantes avaient lieu, elles se déroulaient sur la place, devant le château. C'est là que se terminaient les importantes Fêtes des fleurs , c'est même là que se déroulaient des matches de sport avant la construction du stade ! c'est là que le 24 juin 1958, le Grenier de Toulouse joua une pièce dramatique musicale de Stravinsky et Ramuz, Histoire du soldat. Et quand Joséphine Baker vint chanter à Aiguillon, en 1961, ce fut devant le château. La voici dansant en compagnie du Maire Louis Jamet.

Ce fut là également qu'eurent lieu plusieurs fois les cérémonies du jumelage Aiguillon-Visé, et des photos montrent les notables de la ville sur le balcon.
En 1954, le Maire obtint le classement du château aux Monuments Historiques et l'Etat accepta de participer pour 50 % à la réfection du toit et de la façade. Mais rien ne fut effectué.
On envisagea de nouveau d'utiliser le château pour l'internat du Collège. " Cela permettrait de restaurer un bâtiment que les finances communales seules ne pourraient sauver de la démolition. Le Conseil souhaite que le Ministre de l'Education Nationale donne son acceptation et donne pouvoir au Maire pour traiter cette affaire aux mieux des intérêts communaux. "
Le projet fut approuvé par M. Maisani, Inspecteur d'Académie et en 1961, le Recteur à son tour donna son accord. En 1962, après la visite de M. Crampe, Inspecteur Général de l'Enseignement, la cession du château à l'Etat fut décidée.
Le Colonel de Peyrelongue fut chargé de rencontrer M. Jacques Bordeneuve, sénateur du Lot-et-Garonne et ministre de l'Éducation Nationale du gouvernement Pflimlin, pour demander son appui et il obtint 5 millions de F pour l'édification du nouveau Lycée.
Il fallait aussi acquérir cinq immeubles pour pouvoir agrandir l'externat, ce qui fut long et difficile et aussi la Place du Château qui appartenait aux riverains.
On prévoit en septembre 1964 l'achèvement de la restauration du château pour le 1er juillet 1965. À la même date, les cinq immeubles seront expropriés. La démolition du vieux lycée et des cinq bâtiments durera du 15 juillet au 30 septembre 1965 et la construction de l'externat du 1er septembre 1965 au 30 septembre 1966.
Durant les travaux, les élèves seront accueillis dans cinq bâtiments préfabriqués installés sur la place du Château.
En fait, après de nombreuses délibérations et de multiples démarches, les travaux, effectués par l'entreprise Delbigot, commencèrent le 16 septembre 1964. On décida de déplacer au plus vite la fontaine des Trois Grâces (copie du monument que Germain Pilon sculpta à la demande de Catherine de Médicis pour contenir le cœur d'Henri II), qui se trouvait alors devant le château et de le placer au milieu du jardin public.
D'après les délibérations du Conseil Municipal du 12 mars 1963, les travaux furent évalués à 3 343 600 F pour le château ducal, et la même somme pour la construction du bâtiment neuf de l'externat. La participation de la commune était évaluée à 8,35 %, soit environ 590 000 F.
La démolition de l'ancienne école coûta 207 631 F à la commune.
En fait, le coût total des travaux s'élèvera à plus de 10 millions de francs, financés par la Commune, le Ministère de l'Éducation Nationale, le Ministère des affaires culturelles et le Département de Lot-et-Garonne.
Le 16 mars 1966, à 11 h 30, les travaux de construction de l'externat coûtèrent la vie à un jeune Néracais, Henri Dieu, enseveli dans une tranchée, avec deux autres ouvriers. L'un d'eux faillit périr lui aussi ; seule sa tête dépassait de l'amas de terre. Le Dr Serra qui secourut les accidentés ne put ranimer le malheureux Henri Dieu. Ce tragique accident se serait produit au niveau des salles de professeurs actuelles.
Le 2 octobre 1966, à 17 heures, eut lieu en grande pompe l'inauguration du Lycée en présence du Maire d'Aiguillon, de Jacques Bordeneuve, F. Laborde, Préfet, Etienne Restat, sénateur, Président du Conseil Général, M. Delbigot, l'entrepreneur de Sainte Livrade qui dirigea les travaux. Tout le monde put admirer le château restauré, hélas ! sans ses huit cheminées qui lui donnaient pourtant fière allure.
Dans son discours, le Maire, Louis Jamet déclara : " Aujourd'hui, le Château devenu une partie du Lycée revit et s'anime, non plus comme au début de son existence, au rythme des menuets et des gavottes, mais à celui, tout différent, de nos jeunes générations. Le Château d'Aiguillon […] demeurera la fierté des Aiguillonnais. "
Trois mille francs avaient été dégagés pour cette inauguration qui se termina par un repas gastronomique.
Cependant, vingt ans après, force fut de constater que les travaux n'avaient pas été correctement effectués, notamment en ce qui concerne la toiture. En effet, de nombreuses dégradations furent constatées au troisième étage en raison d'une couverture en ardoise déjà gravement endommagée. Il fallut donc, durant quatre mois, en 1986 et 1987 refaire la toiture, ce qui fut fait par une entreprise employant des Compagnons du Tour de France. Il fallut non seulement reprendre la toiture mais aussi tous les chéneaux et les tuyaux de descente de l'eau qui furent faits en cuivre ainsi que les crochets de fixation.
En 1991, fut effectuée la restructuration du 2ème étage de l'internat où on remplaça un immense dortoir en chambres plus intimes pour quatre pensionnaires, avec des tables de travail individuelles.
Et de mai à novembre 1994, de nouveaux et très importants travaux : d'abord, aménagement du premier étage où on remplaça les anciens dortoirs par des salles de classe, l'immeuble de l'externat s'étant avéré trop petit pour accueillir tous les élèves. Le succès de la filière F8, aujourd'hui SMS (Sciences Médico-sociales) avait drainé vers Aiguillon des élèves de toute l'Académie, et parmi ces élèves, du fait de l'éloignement de leur domicile, de nombreuses internes.
Il fallut donc, en plus du deuxième étage, aménager le troisième, inoccupé jusque-là , pour y créer, là aussi, des chambres à quatre lits décorées en toute liberté par les pensionnaires.
Enfin, les cuisines et le réfectoire furent complètement réaménagés. Le restaurant fut désormais un self-service moderne.
En 2005, l'établissement secondaire Stendhal est une véritable entreprise qui réunit un Collège de 420 élèves et un Lycée de 480 élèves, encadrés par 86 professeurs. Autre personnel : 52 personnes. Le tout sous la direction d'un Proviseur, un Proviseur-adjoint, un Principal-adjoint et un Intendant. Les résultats aux examens sont généralement bons, parfois supérieurs à la moyenne nationale.
Si l'Intendance est restée dans les bâtiments neufs, les autres bureaux administratifs sont maintenant (ce n'était pas le cas à l'origine) dans l'aile sud du château ; c'est là aussi que se trouvent l'infirmerie et la grande bibliothèque (le C.D.I., Centre de Documentation et d'Information) où les élèves trouvent quantités d'ouvrages et de documents et où ils peuvent consulter Internet, guidés par des documentalistes.
102 lycéens sont internes et ont le privilège de loger dans le château ducal. Pensent-ils quelquefois aux ancêtres prestigieux qui les ont précédés en ces lieux ? En tout cas, ils ont des tables de travail qui donnent soit sur la cour d'honneur du château, soit sur la plaine des Carterées dont le charme peut reposer leur esprit des études parfois fastidieuses.
Lorsque, pour les journées du patrimoine, on ouvre les portes du château ducal, les visiteurs peuvent admirer la pureté et le raffinement de l'architecture, la rampe de fer forgé de l'escalier qui mène du premier étage aux combles, dessiné par Pierre Valette et fondu au XVIIIe siècle par M. Poulange, le fronton ouest sculpté par Barthélemy Cabirol, les voûtes du sous-sol où se trouvaient autrefois les cuisines et qui ont conservé les énormes crochets où l'on pendait les bœufs ou les porcs destinés à l'alimentation des châtelains et de leurs invités.
Enfin, en juillet, tous les ans depuis 1988, le château hébergeait les stagiaires du Festival de Jazz, avant son abandon au milieu des années 2000 ; parfois, tous les quatre ans, les Visétois venus fêter le jumelage des villes d'Aiguillon et de Visé y étaient hébergés et pour 4 euros la nuitée, ils avaient le privilège de dormir dans le château qui accueillit dans le passé une des familles les plus riches de France et la célèbre maîtresse de Louis XV, Madame du Barry.

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