Le château Ducal
(Page mise à
jour le 31/03/2023)
Voir
la description sur le site du Ministère de la Culture
***
Le château médiéval du Fossat.
Avant la construction du château du XVIIIe
siècle s’élevait, à cet emplacement un château féodal de la
seigneurie
du Fossat, construit au début du XIVe siècle, remanié
dans la seconde moitié du XVe, avec un donjon crénelé, une tour
garnie de mâchicoulis en pierre, des fenêtres à meneaux et un
chemin de ronde.
Il était constitué d'un corps de logis s'étendant
à l'ouest avec une aile en retour sur la cour côté
nord, tout près de l'église paroissiale et communicant
avec elle. À l'est et au sud, un mur d'enceinte. Au-delà
du mur sud, deux groupes d'habitations privées.
Il ne reste rien aujourd’hui de ce château fort.
Il était très délabré quand le cardinal de Richelieu, le 2 août
1637, racheta le duché-pairie d’Aiguillon pour la somme de 400
000 francs pour l’offrir à Mme
de Combalet [Marie Madeleine de Vignerot (1604-1675)],
la fille de sa sœur aînée. Elle reçut, en 1638, ses nouveaux
titres de Louis XIII. Elle fut la 1ère duchesse d'Aiguillon.
Mais Madame de Combalet ne résida nullement au château du Fossat,
préférant à la province les salons parisiens où elle côtoyait
les écrivains célèbres, comme le grand Corneille qui lui dédia
Le Cid. Très généreuse, elle fonda un hospice à Aiguillon et
aida, par ses largesses, les religieuses de la Croix à soulager
les malheureux.
A la mort de Mme de Combalet,
en 1675, c’est sa nièce, Marie-Thérèse
de Vignerod, (1636-1704) qui hérita et devint la 2ème
duchesse d'Aiguillon ; mais elle s’occupa peu d’Aiguillon et se
retira dans un couvent.
Ses titres et le duché-paierie revinrent à sa
mort, en 1704, à son neveu, Louis-Armand du Plessis de Vignerod,
marquis de Richelieu (1654-1730) qui ne réussit pas à
faire reconnaître son titre de du, ni par Louis XIV, ni
par le Régent ; il avait épousé Marie-Charlotte
de La Porte de La Meilleraye, fille d'Hortense
Mancini, l'une des nièces du cardinal de
Mazarin, après l'avoir enlevée dans un couvent,
d'où sa disgrâce. Joueur et débauché,
il finit ruiné.
Un procès-verbal de 1704 joint à la prise de possession du duché
par Louis-Armand de Vignerod révèle l’état pitoyable du château
du Fossat : « portes sans serrures, chapelle décarrelée…
fenêtres brisées et rompues… chambres en très mauvais état,
les portes, les lambris, les planchers, les fenêtres, les vitres
et généralement tout menaçant ruine et sur le point de tomber…
appartements dans lesquels on ne peut entrer sans encourir de
danger, les planchers étant tous pourris tant au-dessus qu’au
dessous… la charpente et le toit entièrement ruinés… galetas
tout ruiné et en danger de tomber, ne pouvant pas entrer dans
les chambres à cause du péril éminent qu’il y a, les toits étant
rompus et y pleuvant partout. »
Il est mentionné qu’une porte de la chapelle donnait par un
souterain sur les fossés de la ville sur lesquels bien des Aiguillonnais
s’interrogent de nos jours. Le souterrain débouche dans
le jardin d’une maison particulière, mais, à notre connaissance,
personne ne l'a vraiment exploré [on peut apercevoir sa sortie
à travers la grille du jardin du 19 Cours Alsace-Lorraine].
En 1729, à la mort de Louis-Armand,
c'est son fils Armand-Louis
(1683-1750) qui lui succéda et obtint de porter le titre
de 1er duc d'Aiguillon.
Le château actuel.
A la mort d'Armand-Louis, son fils Emmanuel-Armand
de Vignerod du Plessis de Richelieu (1720-1788), 2ème
duc d'Aiguillon fut à l’origine de la construction du château
actuel ; il hérita des terres et des titres, mais pas plus que
ses prédécesseurs – et on le comprend, vu l’état de la vieille
bâtisse- il n’eut le désir de loger dans le château du Fossat,
trop vétuste, et trop éloigné de Versailles. Il était d’ailleurs
retenu ailleurs par ses fonctions de ministre de Louis XV ou
de gouverneur de Bretagne et possédait, plus près de Paris,
le ravissant château de Véretz, sur les rives du Cher, où il
résidait parfois. Une description du château médiéval datant
de 1765 reconnaît qu’il est impropre à recevoir un ministre
de Louis XV : « Quoique l’ancien château d’Aiguillon dans
toute son intégrité conserve ce caractère de splendeur relatif
à une ancienne et grande propriété, on ne peut se dissimuler
qu’il était insuffisant pour le logement convenable à un Pair
de France au centre de son Duché. »
Quand on prend connaissance, dans les documents d’archives de
l’état du château médiéval, on comprend aisément que, dès cette
époque, le Duc d’Aiguillon ait songé à le faire raser pour construire
une demeure plus confortable. Il chargea Jean-Baptiste Pasumot,
ingénieur géographe, d’acheter, afin de les démolir, toutes
les maisons qui gênaient la nouvelle construction et même, pour
dégager la perspective, celles qui se seraient trouvées sur
l’esplanade devant le futur château.
Un seul propriétaire refusa d'abandonner sa maison qui
était en face du portail de la principale entrée et de l'avenue
qui y conduisait. Le duc céda à l'obstination de ce particulier,
au grand étonnement de tous ses vassaux ; la maison de ce particulier
fut alors surnommée Gibraltar.
Certains expropriés furent alors relogés dans de nouvelles bâtisses,
dans un lieu qu’on appelle encore le Quartier Neuf. Les projets
étaient grandioses, non seulement pour le château, mais aussi
pour la ville d’Aiguillon. Déjà, en Bretagne, où il était gouverneur,
le Duc avait montré son intérêt pour l’amélioration des villes,
des ports et des voies de communication. À Aiguillon, les travaux
furent exécutés sous la direction d’André Mollié, architecte
de Barsac, de son fils Pierre, puis de Charles
Le Roy, ingénieur des Ponts et Chaussées qui s’installa
à Agen en 1771 comme intendant du duc.
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Plan de la ville d'Aiguillon en 1748
:
A-Eglise paroissiale. B-Château
du Fossat. C-Hôtel de Ville. D-Les
religieuses de la Croix.
E-Eglise des Carmes. F-Porte d'en haut.
G-Beffroi. H-Porte d'en bas. I-La
halle. J-Les écuries.
K-Emplacement de l'escalier monumental. L-Les
boucheries. M-Le Palais et la Prison.
N-Les Promenades. O-Château de
Lunac.
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L’aile sud [en rouge sur le plan] fut construite
en premier, de 1765 à 1774, alors que le duc résidait encore
à Versailles. Elle devait se raccorder au corps de logis de
l'ancien château. Elle est bâtie sur des caves à
voûtes d'arête, à l'emplacement des deux
groupes d'habitations privées qui ont été
rachetées et rasées. Il était prévu
un passage souterrain pour réunir ces nouvelles caves
à celles de l'ancien château.
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Voûte d'arêtes
(croisement de deux voûtes en plein cintre)
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Plan de l'escalier d'honneur
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Le grand escalier partant de la porte d'entrée
et menant au premier étage commence par quatre marches
galbées, suivies d'un premier repos, puis quatorze marches
jusqu'à un second repos et enfin huit autres marches.
L'escalier d'origine, paradoxalement en bois, a été
détruit et sa rampe en fer forgé de Pierre Valette
a disparu. Seule subsiste la rampe de l'escalier menant du premier
étage aux combles.
À la mort de Louis XV, en 1775, le duc d’Aiguillon fut contraint
à l’exil en raison de l’animosité de la nouvelle reine Marie-Antoinette,
qui l’avait toujours détesté et qui lui reprochait d’être hostile
aux Autrichiens et trop intime avec la Comtesse du Barry, maîtresse
de son beau-père. Les causes de cette disgrâce sont longuement
évoquées dans le livre de Lucien Laugier. Non contente de l’éloigner
de Versailles, la reine lui interdit de vivre dans son ravissant
château de Véretz, trop près à son goût de Paris et l’éloigna
en Aquitaine. Quant à la construction du château, elle a été
minutieusement décrite par Agnès Birot (Revue
de l'Agenais d'Avril-Juin 1984) et,
avant elle, par Philippe Lauzun.
1775-1785, l’époque grandiose du "Versailles
aquitain".
Le bâtiment central fut construit de 1774 à
1778, la Comédie de 1778 à 1780 et les communs en 1780
et les années suivantes.
Construit en dernier dans le prolongement de l'aile Sud, symétriquement
aux Communs au Nord, le pavillon de la Comédie abritait
un théâtre dont les seuls vestiges sont des fragments
d'éléments de décors peints sur les murs,
que l'on a pu aperçevoir à travers les échafaudages
en 2019 depuis la rue Thiers à l'occasion des travaux
de restauration entrepris par la Commune.
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Parmi les éléments
encore présents, un reste de fresque représentant
un chapiteau ionique avec ses volutes et le haut du fût
d'une colonne cannelée.
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G. Tholin a fait une description de la salle
de spectacle qui n'était pas " une salle banale
à transformer au besoin pour des représentations dramatiques.
Toute une aile du château avait été exclusivement ordonnée en
vue de cette destination. L’amphithéâtre et la scène laissaient
place à d’utiles dépendances, un chauffoir pour les dames et
deux foyers. Deux portes matelassées isolaient ces annexes.
Deux portes de même façon ouvraient l’une sur l'escalier, l’autre
sur la rue. La salle, éclairée par des lustres de cristal, entourée
de loges, garniesd’accoudoirs, de banquettes rembourées et de
bancs plus simples, était assez vaste pour recevoir un nombreux
public. "
Arthur Young, de passage à Aiguillon
peu avant la Révolution écrivit : "Nous
passons à travers une riche vallée bien cultivée, à AIGUILLON
; beaucoup de chanvre, et toutes les femmes du pays occupées
à ce travail. Plusieurs fermes jolies et bien bâties sur de
petites propriétés, et tout le pays fort peuplé. Nous examinons
le château du duc d'Aiguillon, qui, étant dans la ville, est
mal situé selon toutes les idées champêtres : mais une ville
est toujours en France l'accompagnement d'un château, comme
c'était autrefois dans les plus grandes parties de l'Europe
; cela semble avoir été le résultat des arrangements féodaux,
afin que le grand seigneur pût avoir ses esclaves plus près
de lui, comme il bâtit son écurie près de sa maison. Cet édifice
est considérable, bâti par le duc actuel, commencé il y a environ
vingt ans, lorsqu'il fut exilé ici pendant huit ans, et grâce
à l'exil, le bâtiment s'avança noblement ; le corps du château
est fini, les ailes détachées, presque achevées, mais aussitôt
que la sentence fut cassée, le duc partit pour Paris et ne revint
plus ; conséquemment tout est arrêté. C'est ainsi que l'exil
seul peut forcer les Français à faire ce que les Anglais font
pour leur plaisir, à résider dans leurs terres et à les améliorer.
Il s'y trouve une chose magnifique, c'est qu'il y a un théâtre
vaste et élégant qui remplit une des ailes ; l'orchestre est
pour vingt musiciens, nombre entretenu, nourri et payé par le
duc lorsqu'il était ici... en Angleterre, les possesseurs de
grands biens préfèrent les chiens à tous les plaisirs
que peut procurer un théâtre." (Voyages
en France 1787-1790)
Curieusement, la façade nord des communs
était rendue aveugle par les écuries [J sur le
plan] de l'ancien château, construites dans le prolongement
de l'église et qui n'avaient pas encore été
démolies.
Rien ne fut épargné pour faire du bâtiment une demeure élégante,
luxueuse et confortable. Immensément riche, le Duc, chassé de
Paris, voulait, dans son exil, rivaliser avec Versailles. Le
duc et la duchesse disposaient de lieux à l'anglaise
[WC] et de cabinets de bains équipés de baignoires
alimentées en eau chaude par deux chaudières fabriquées
par des artisans bordelais. Ce type d'équipement n'apparut
à Versailles qu'après 1770.
L'ensemble des travaux, rachats de terrains et maisons est évalué
à 450 000 livres. Malgré cela, la famille d'Aiguillon
était encore très riche à la mort du duc.
À cette époque, le salaire d'un maçon était
de 25 sols (1 livre 1/4) par jour.
Le duc et la duchesse organisèrent des fêtes somptueuses,
reçurent les aristocrates locaux et ceux de Bretagne parmi ceux
qui leur étaient restés fidèles, notaires, évêques et notables.
La Comtesse du Barry elle-même fut reçue plusieurs
fois par le duc. Alain
Paraillous a étudié avec le talent qu’on lui connaît
la vie fastueuse au château ducal dans son livre La vie quotidienne
au château d’Aiguillon du temps de sa splendeur. Les représentations
théâtrales et musicales tenaient une grande place dans ces festivités.
On savait, au château d’Aiguillon, dans un cadre somptueux,
se distraire, s’amuser, danser, jouer la comédie et apprécier
les bons vins et la bonne chère. Selon G. Tholin, Documents
sur le château d’Aiguillon confisqué en 1792, pendant le
mois d’avril 1782 on a bu " à la grande table
577 bouteilles de vin d’une soixantaine de crus différents ;
à l’office, 1484 bouteilles. "

***

Projet pour le Château
Ducal et la ville d'Aiguillon
Vue perspective de Charles Leroy, architecte du futur château
ducal
En 1785, Emmanuel Armand de Vignerot put repartir
à Paris où il mourut en 1788. La construction du château fut donc
interrompue, ce qui explique l’absence de l’aile nord. Les travaux
de l'aménagement extérieur se poursuivirent cependant :
Côté Carterées, à l'ouest, on aménaga
des terrasses.
Côté cour, à l'est, on déplaca l'ancien
hôtel de ville [C sur le plan] qui se situait dans le prolongement
des écuries [J sur le plan], pour le reconstruire à
l'extrémité nord de la ville, près de la
halle et des boucheries [I et L sur le plan].
L'église paroissiale [A] et l'église des Carmes
[E] qui lui fait face furent dotées de portails néoclassiques.
Au 19e siècle, quant on démolit l'église
paroissiale, son portail fut réutilisé lors de la
construction de la chapelle des pêcheurs du Lot [actuel
Musée
Raoul Dastrac].
On construisit l'escalier monumental situé à l'extrémité
nord de l'actuel Cours Alsace-et-Lorraine [K sur le plan], pour
mener au faubourg du Lot.

La façade
Est et le fronton
oriental du château,
devenu Lycée Stendhal en 1964

Le fronton d'origine
représentant les armoiries ducales fut sculpté par
Cabirol (sculpteur bordelais). Il fut détruit pendant la
Révolution pour faire disparaître tout symbole de
la noblesse. Le fronton a été refait au moment de
la restauration du château en 1962 par Androusov ; il figure
un cadran solaire. De part et d'autre du cadran, deux femmes se
tournent le dos et jouent d'instruments de musique. (d'après
Agnès Birot, Revue de l'agenais, avril-juin 1984)
Les armoiries sculptées par Cabirol furent détruites
pendant la Révolution ; en 1923, une horloge ayant coûté
9000 Francs de l'époque fut placée sur le fronton
(elle apparaît sur d'anciennes cartes postales).
La façade ouest vers 1900 avec des élégantes
au premier plan,
et une locomotive à vapeur de la ligne Bordeaux à Sète

La façade ouest vers 2000,
les élégantes n'y sont plus et le TGV remplace la vapeur
!
Noter que les cheminées du château ont disparu lors de
sa restauration

Le fronton de cette
façade fut également sculpté par Cabirol.
Il représente deux personnages allégoriques : une
femme au port majestueux, aux formes généreuses,
montre à un disciple des attributs tels que le globe terrestre,
carte, compas, comme pour l'inciter à l'étude des
sciences ou à la découverte. (d'après
Agnès Birot, revue de l'agenais, avril-juin 1984)
Selon d'autres sources, il s'agirait d'une allégorie de
la Garonne et du Lot, tout près du confluent, ou bien encore
d'une allégorie de la paix...
***
Le pigeonnier
ou colombier situé hors ville, à l'Est, à
l'extrémité de la rue Marceau.
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Vue de l'extérieur, montrant au tiers
de la hauteur en partant du bas un bandeau de pierres saillantes,
appelé larmier ou radière ou randière, destiné
à interdire la montée aux prédateurs (rats, fouines,
belettes…).
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Vue de l'intérieur, montrant les
boulins en briques maçonnées, tapissant les
parois, dans lesquels les pigeons font leurs nids, pondent
et couvent à l'abri des prédateurs.
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En 1792, le château
fut confisqué par l'Etat avec le mobilier, les oeuvres d'art
et la bibliothèque et tous les ouvrages musicaux.
A notre époque, il subsiste
encore dans des vieilles familles aiguillonnaises des meubles, des
tableaux et des objets de décoration qui avaient été
acquis lors d'une vente aus enchères, par des particuliers,
après leur confiscation pendant la Révolution. Cliquez
ICI.
***
Grandeurs et vicissitudes
du château ducal d'Aiguillon
(D'après un document rédigé en 2005 par J.L.,
professeur de lettres au Lycée Stendhal
à l'occasion du quarantième anniversaire de l'inauguration
de la restauration du château).
Le 10 novembre 1792, le château fut divisé en
quatre lots destinés à être vendus mais ils ne trouvèrent pas
d'acquéreurs. En 1797, la commune loua le bâtiment principal et
le transforma en Manufacture des Tabacs. On y entreposait les
récoltes des communes environnantes, réceptionnées de janvier
à mars, et on faisait " subir à l'herbe de Nicot diverses opérations
préliminaires avant que de l'expédier aux manufactures de l'État"
. On y traitait alors exclusivement du tabac à priser et à chiquer.
Il faut croire que la culture du tabac était très importante dans
la région puisqu'il fallut dans le courant du XIXe siècle ajouter
deux étages intermédiaires, l'un au premier étage du château,
l'autre au second. On voit assez nettement, sur certaines cartes
postales anciennes, ces étages supplémentaires qui se trouvent
à mi-hauteur des grandes fenêtres. On pouvait alors disposer de
six étages pour entreposer et traiter le tabac.
Une partie du château, on ignore laquelle précisément,
fut attribuée en 1804 à l'organiste du Duc, M. Chabeau, qui en
avait fait la demande pour y diriger une école privée. Il y instruisit
chaque année une quinzaine d'élèves internes et quelques externes,
jusqu'en 1815 où l'établissement, de plus en plus déserté par
les élèves, fut fermé.
Sous l' Empire, les Chabrillan,
héritiers d'Armand-Désiré de Vignerod, dernier
duc d'Aiguillon, récupérèrent le château,
qui n'avait pas été vendu comme bien national.
En 1834, ils vendirent à des particuliers, en plusieurs
lots, les différents bâtiments du château et c'est en 1852 que
la commune racheta le corps de logis principal pour la somme de
110 000 francs mais il ne fut pas pour autant bien entretenu.
En 1834, on détruisit les derniers vestiges du
château médiéval.
Quant au château ducal, il continua à être affecté à la Manufacture
des tabacs et tout au long du XIXe siècle, immeuble simplement
utilitaire, il fut très mal entretenu. Quant aux autres bâtiments,
Théâtre, Communs, ils furent vendus à des particuliers.
En octobre 1847, le poète agenais Jasmin,
invité par le Maire, se rendit à Aiguillon pour la fête de Saint-Côme
où il reçut un accueil enthousiaste. Il écrivit aussitôt un charmant
poème A la vila d'Agulhon, dans lequel il évoque son "
castel que ploùro !" C'est vrai que le pauvre château ducal,
même parfumé aux effluves du tabac, semblait pleurer et regretter
les fastes du siècle précédent. Lentement, il continuait à se
dégrader.
En 1918, l'Administration des Tabacs fit installer,
à ses frais, l'électricité et durant toute la moitié du XXe siècle,
de nombreuses réparations d'urgence durent être effectuées, à
la toiture ou aux chéneaux : 25000 F en 1920 ! En 1923, avait
été placée une horloge de 9000 F sur le fronton du château. On
la voit très bien sur les vieilles cartes postales et elle ne
dut être enlevée qu'en 1962, lorsqu'un nouveau fronton fut sculpté
par Androusov. En plus des injures du temps, le château fut gravement
endommagé par un cyclone en 1935 et la Mairie fut obligée une
nouvelle fois d'entreprendre d'importantes réparations. Mais des
événements encore plus importants n'allaient pas tarder à secouer
le château et la France entière.
Occupation du château durant la Seconde Guerre
mondiale
Dès le début des années 30 était envisagée l'hypothèse d'un conflit
armé avec l'Allemagne. Les préfectures des départements du nord
de la France s'efforçaient d'établir des programmes de repliement,
en cas de guerre, des populations du nord de la France. Á Aiguillon,
dès le mois d'avril 1939, alors que la guerre contre l'Allemagne
n'allait être déclarée que le 3 septembre, le Maire avait reçu
une lettre du Préfet lui demandant d'organiser, dans la commune,
en cas de guerre, une " Défense passive ". L'hospice existant
étant nettement insuffisant, il fut décidé de rechercher des maisons
susceptibles de loger des réfugiés et surtout d'aménager le château.
Il fallut donc, le 12 septembre 1939, rompre momentanément le
bail avec l'Administration des Tabacs et lui signifier l'ordre
de réquisition. Le 19, tout le tabac et le matériel de la Manufacture
étaient évacués. Le Préfet du Lot-et-Garonne ordonna, en avril
1940, une inspection du château d'Aiguillon et le rapport fut
accablant : " Tous les planchers et plafonds sont rudimentairement
aménagés en bois, soutenus par des pans de murs et des poutres
en bois. Les planchers sont en mauvais état et difficiles à entretenir.
Le nettoyage à l'eau est impossible puisque chaque plancher de
l'étage supérieur forme le plafond de l'étage inférieur. Une sensible
différence de niveau des planchers existe entre les planchers
du bâtiment principal et ceux de l'aile. Beaucoup de fenêtres
ferment très mal et des courants d'air continuels traversent le
bâtiment. La cause essentielle de ces courants d'air violents
me paraît provenir de la mauvaise fermeture des fenêtres et de
l'insuffisance de la fermeture des cages d'escalier. "
La disposition des étages est ainsi envisagée :
a) rez-de-chaussée : 5 grandes pièces et un local aménagé en cuisine.
1 bureau, 1 réfectoire, 1 dortoir pour impotents composé de 3
locaux avec au total 60 lits, 1 buanderie.
b) 1er étage : 9 pièces dont 1 aménagée en vestiaire-lavabo-cabinet,
les 8 autres en dortoirs où 140 lits pourront être placés.
c) 2ème étage : mêmes dispositions qu'au premier étage avec un
total de 150 lits.
d) 3ème étage : 10 pièces dont 1 vestiaire-lavabo-cabinet , 1
cuisine, 2 réfectoires, 6 dortoirs avec au total 110 lits.
e) 4ème étage : 9 pièces dont 1 vestiaire-lavabo-cabinet et 8
dortoirs avec au total 170 lits.
Total du nombre de lits : 650
En 1940, le nord de la France fut envahi par l'armée
allemande et il fallut trouver dans le sud des locaux pour accueillir
les nombreux réfugiés.
Le 10 mai 1940, la ville de Villers-Cotterêts
subit un premier bombardement allemand et le transfert à Aiguillon
des pensionnaires de la Maison de retraite fut décidé. Après un
long voyage en train, épuisés, ils arrivèrent à Aiguillon le 23
mai. Certains membres du personnel d'encadrement arrivèrent à
part, dans quatre véhicules.
Les réfugiés de Villers-Cotterêts allaient rester
à Aiguillon jusqu'en 1945 moyennant un loyer de 7963,75 f pour
l'année 1940, 25000 F pour les années suivantes, sommes payées
par la Préfecture de Police de la Seine. La Maison de Retraite
eut également à sa charge des travaux concernant l'évacuation
des eaux usées qui dégageaient des odeurs pestilentielles jusque
sur la voie ferrée pour la somme de 20000 F.
Témoignage d'une Aiguillonnaise
mariée à un réfugié de Villers-Cotterêts
" Des jeunes filles d'Aiguillon étaient allées accueillir les réfugiés
à la gare et un repas avait été préparé à leur intention. L'installation
était si précaire que les surveillants ont très vite cherché à se
loger en ville. La famille M. a été logée chez ma tante, et c'est
ainsi que j'ai connu celui qui allait devenir mon mari. Les surveillants
et les personnes âgées avaient un uniforme bleu, les hommes portaient
des casquettes et les femmes une jupe plissée et un curieux fichu
sur la tête, plissé comme une fraise. Les surveillants aimaient
beaucoup le vin d'Aiguillon et le dimanche, il fallait souvent les
rapporter chez eux, ivres morts, sur un charreton. Pour améliorer
l'ordinaire, les employés effectuaient des travaux en ville ; ainsi
M. D., un tailleur, faisait des travaux de couture pour des particuliers.
"
Texte de Monsieur Génard
Le 20 mai, un télégramme avait été envoyé à un autre hospice du
nord qui avait envisagé de se réfugier dans le sud-ouest, celui
de Bischwiller, déclarant que le château d'Aiguillon - du fait
de l'arrivée imminente de réfugiés de Villers-Cotterêts - était
INDISPONIBLE. Par une erreur malencontreuse, le télégraphiste
écrivit INDISPENSABLE ! Aussi, lorsque, le 4 juin, le Directeur
de l'hospice de Bischwiller reçut l'ordre d'évacuer, il organisa
aussitôt le départ vers Aiguillon ! Le 7 juin, à 2 heures du matin,
juste avant l'arrivée des troupes allemandes, le train-convoi
partait pour un voyage de trois jours. Il faut imaginer ces 700
personnes, dont beaucoup sont très âgées, infirmes ou impotentes,
entassées dans les wagons, traversant un pays en déroute, craignant
les bombardements…
Or, à Aiguillon, le château était déjà en grande partie occupé.
Seul restait le 4ème étage, le plus inconfortable, sans eau chaude,
et même sans eau du tout avant dix heures du matin ! 150 personnes
pourtant y furent logées, les 550 autres étant envoyées ailleurs,
dans un hospice auxiliaire de la Croix-Rouge d'Aiguillon, au château
de Buzet, à l'usine de bouchons désaffectée de Mézin.
Les réfugiés de Bischwiller vivaient dans des conditions d'insalubrité
encore plus épouvantables que ceux de Villers-Cotterêts : pas
de cuisine - il fallut acheter des fourneaux et des lessiveuses
pour faire la soupe -, installations sanitaires déplorables.
Pour tous, la vie était très dure. Aux misères dues à la vieillesse
et aux maladies s'ajoutaient un profond sentiment de déracinement
et les difficultés d'approvisionnement en nourriture, les prix
ayant beaucoup augmenté en raison de la pénurie. De plus, l'accueil
des Aiguillonnais, touchés eux aussi par la dureté de la vie,
ne fut peut-être pas toujours très chaleureux. Ceux de Bischwiller
surtout étaient considérés presque comme des Allemands. Pour tout
le monde, la viande et le pain étaient rationnés, on ne disposait
dans le meilleur des cas que de 250 g de viande par personne et
par semaine.
Chaque jour apportait son lot de décès de réfugiés (61 du 7 juin
au 26 octobre 1940 !) et on enterrait les morts dans des cercueils
rudimentaires, à droite du cimetière de la ville mais aussi au
cimetière de Sainte Radegonde. Ces tombes et leurs croix de bois
noires occupaient après la guerre tant d'espace qu'il fut décidé
de rassembler toutes les dépouilles de réfugiés dans une fosse
commune, dont il ne subsiste aucune trace.
Les réfugiés de Bischwiller repartirent chez eux le 23 octobre
1940, bien avant ceux de Villers-Cotterêts. Mais tous ne repartirent
pas. Restèrent des malades intransportables, et de nombreuses
personnes décédées ou suicidées manquèrent à l'appel. En effet,
la maladie, la vieillesse ou la misère frappèrent durement ces
populations et les Aiguillonnais ont le souvenir de réfugiés faméliques,
mendiant un morceau de pain, ramassant les restes des étals sur
les marchés, mangeant, selon certains, des orties ou même les
feuilles des arbres.
Jusqu'en 1925, l'administration des tabacs avait
donné à la Mairie 12 500 F par an pour la location du château,
mais comme la municipalité demandait sans cesse une augmentation,
le SEITA (Service d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes)
résolut dès cette époque de construire un nouvel entrepôt, à Saint-Côme.
Pourtant le château, après la Deuxième Guerre Mondiale, malgré
la construction de l'immense entrepôt des tabacs, fut de nouveau
loué à l'administration des Tabacs. Il est vrai qu'à l'époque,
le Lot-et-Garonne, avec 4500 hectares de tabac, était le premier
département producteur de tabac, et la commune d'Aiguillon, avec
1000 hectares, était une des premières communes tabacoles de France,
sinon la première. Elle fournissait en moyenne chaque année 2
000 tonnes de tabac. Une soixantaine de personnes y étaient employées
à temps plein, mais l'effectif était d'une centaine, et même 200,
selon M. Corrocher , surtout des femmes, à certaines périodes
(janvier, février notamment).
Il semble que le château ait aussi été loué par la Coopérative
de stockage des blés de Clairac car les comptes-rendus du Conseil
Municipal parlent de relever le montant du bail.
En 1952, la municipalité s'inquiétait
de l'état lamentable du château. Il était si dégradé qu'on songea
un instant à le raser.
Un entrepreneur de Bordeaux fut contacté et fournit un devis de
7 millions de francs seulement pour refaire les toitures.
Le 7 mai 1953, quand Louis Jamet fut élu maire d'Aiguillon, le château
était pratiquement en ruine. Le toit s'effondrait. Les corniches
étaient envahies d'herbes et le lierre grimpait jusqu'aux fenêtres
mansardées. Pendant de nombreuses années, les amoureux du patrimoine
se sont battus pour que le château fût sauvé et restauré, mais le
coût de cette restauration dépassait les crédits à la disposition
de la commune. Il fallait obtenir des subventions de l'État. On
songea à en faire un établissement scolaire secondaire. Déjà existait,
à côté, une importante École Primaire Supérieure, à l'étroit dans
ses locaux puisqu'en juillet 1953, le Conseil Municipal avait demandé
au SEITA deux salles du château pour y loger deux classes.
En réunissant les deux bâtiments, en rasant les locaux de l'école
primaire pour élever des bâtiments plus importants, en restaurant
le château, on pouvait créer un grand lycée susceptible d'accueillir
les élèves d'Aiguillon et des petites communes voisines.
Ce n'était qu'un projet, et pendant plusieurs années, on proposa
d'autres affectations : location à la société des emballages du
sud-ouest, colonie de vacances pour la banque N.C.I., vente à un
industriel parisien susceptible de s'installer à Aiguillon… Malgré
sa vétusté, le château restait le bâtiment le plus prestigieux de
la ville et lorsque des manifestations importantes avaient lieu,
elles se déroulaient sur la place, devant le château. C'est là que
se terminaient les importantes Fêtes des fleurs , c'est même là
que se déroulaient des matches de sport avant la construction du
stade ! c'est là que le 24 juin 1958, le Grenier de Toulouse joua
une pièce dramatique musicale de Stravinsky et Ramuz, Histoire
du soldat. Et quand Joséphine Baker vint chanter à Aiguillon,
en 1961, ce fut devant le château. La voici dansant en compagnie
du Maire Louis Jamet.

Ce fut là également qu'eurent lieu
plusieurs fois les cérémonies du jumelage Aiguillon-Visé, et des
photos montrent les notables de la ville sur le balcon.
En 1954, le Maire obtint le classement du château aux Monuments
Historiques et l'Etat accepta de participer pour 50 % à la réfection
du toit et de la façade. Mais rien ne fut effectué.
On envisagea de nouveau d'utiliser le château pour l'internat du
Collège. " Cela permettrait de restaurer un bâtiment que les finances
communales seules ne pourraient sauver de la démolition. Le Conseil
souhaite que le Ministre de l'Education Nationale donne son acceptation
et donne pouvoir au Maire pour traiter cette affaire aux mieux des
intérêts communaux. "
Le projet fut approuvé par M. Maisani, Inspecteur d'Académie et
en 1961, le Recteur à son tour donna son accord. En 1962, après
la visite de M. Crampe, Inspecteur Général de l'Enseignement, la
cession du château à l'Etat fut décidée.
Le Colonel de Peyrelongue fut chargé de rencontrer M. Jacques Bordeneuve,
sénateur du Lot-et-Garonne et ministre de l'Éducation Nationale
du gouvernement Pflimlin, pour demander son appui et il obtint 5
millions de F pour l'édification du nouveau Lycée.
Il fallait aussi acquérir cinq immeubles pour pouvoir agrandir l'externat,
ce qui fut long et difficile et aussi la Place du Château qui appartenait
aux riverains.
On prévoit en septembre 1964 l'achèvement de la restauration du
château pour le 1er juillet 1965. À la même date, les cinq immeubles
seront expropriés. La démolition du vieux lycée et des cinq bâtiments
durera du 15 juillet au 30 septembre 1965 et la construction de
l'externat du 1er septembre 1965 au 30 septembre 1966.
Durant les travaux, les élèves seront accueillis dans cinq bâtiments
préfabriqués installés sur la place du Château.
En fait, après de nombreuses délibérations et de multiples démarches,
les travaux, effectués par l'entreprise Delbigot, commencèrent le
16 septembre 1964. On décida de déplacer au plus vite la fontaine
des Trois Grâces (copie du monument que Germain Pilon sculpta à
la demande de Catherine de Médicis pour contenir le cœur d'Henri
II), qui se trouvait alors devant le château et de le placer au
milieu du jardin public.
D'après les délibérations du Conseil Municipal du 12 mars 1963,
les travaux furent évalués à 3 343 600 F pour le château ducal,
et la même somme pour la construction du bâtiment neuf de l'externat.
La participation de la commune était évaluée à 8,35 %, soit environ
590 000 F.
La démolition de l'ancienne école coûta 207 631 F à la commune.
En fait, le coût total des travaux s'élèvera à plus de 10 millions
de francs, financés par la Commune, le Ministère de l'Éducation
Nationale, le Ministère des affaires culturelles et le Département
de Lot-et-Garonne.
Le 16 mars 1966, à 11 h 30, les travaux de construction de l'externat
coûtèrent la vie à un jeune Néracais, Henri Dieu, enseveli dans
une tranchée, avec deux autres ouvriers. L'un d'eux faillit périr
lui aussi ; seule sa tête dépassait de l'amas de terre. Le Dr Serra
qui secourut les accidentés ne put ranimer le malheureux Henri Dieu.
Ce tragique accident se serait produit au niveau des salles de professeurs
actuelles.
Le 2 octobre 1966, à 17 heures, eut lieu en grande pompe l'inauguration
du Lycée en présence du Maire d'Aiguillon, de Jacques Bordeneuve,
F. Laborde, Préfet, Etienne Restat, sénateur, Président du Conseil
Général, M. Delbigot, l'entrepreneur de Sainte Livrade qui dirigea
les travaux. Tout le monde put admirer le château restauré, hélas
! sans ses huit cheminées qui lui donnaient pourtant fière allure.
Dans son discours, le Maire, Louis Jamet déclara : " Aujourd'hui,
le Château devenu une partie du Lycée revit et s'anime, non plus
comme au début de son existence, au rythme des menuets et des gavottes,
mais à celui, tout différent, de nos jeunes générations. Le Château
d'Aiguillon […] demeurera la fierté des Aiguillonnais. "
Trois mille francs avaient été dégagés pour cette inauguration qui
se termina par un repas gastronomique.
Cependant, vingt ans après, force fut de constater que les travaux
n'avaient pas été correctement effectués, notamment en ce qui concerne
la toiture. En effet, de nombreuses dégradations furent constatées
au troisième étage en raison d'une couverture en ardoise déjà gravement
endommagée. Il fallut donc, durant quatre mois, en 1986 et 1987
refaire la toiture, ce qui fut fait par une entreprise employant
des Compagnons du Tour de France. Il fallut non seulement reprendre
la toiture mais aussi tous les chéneaux et les tuyaux de descente
de l'eau qui furent faits en cuivre ainsi que les crochets de fixation.
En 1991, fut effectuée la restructuration du 2ème étage de l'internat
où on remplaça un immense dortoir en chambres plus intimes pour
quatre pensionnaires, avec des tables de travail individuelles.
Et de mai à novembre 1994, de nouveaux et très importants travaux
: d'abord, aménagement du premier étage où on remplaça les anciens
dortoirs par des salles de classe, l'immeuble de l'externat s'étant
avéré trop petit pour accueillir tous les élèves. Le succès de la
filière F8, aujourd'hui SMS (Sciences Médico-sociales) avait drainé
vers Aiguillon des élèves de toute l'Académie, et parmi ces élèves,
du fait de l'éloignement de leur domicile, de nombreuses internes.
Il fallut donc, en plus du deuxième étage, aménager le troisième,
inoccupé jusque-là , pour y créer, là aussi, des chambres à quatre
lits décorées en toute liberté par les pensionnaires.
Enfin, les cuisines et le réfectoire furent complètement réaménagés.
Le restaurant fut désormais un self-service moderne.
En 2005, l'établissement secondaire Stendhal est une véritable entreprise
qui réunit un Collège de 420 élèves et un Lycée de 480 élèves, encadrés
par 86 professeurs. Autre personnel : 52 personnes. Le tout sous
la direction d'un Proviseur, un Proviseur-adjoint, un Principal-adjoint
et un Intendant. Les résultats aux examens sont généralement bons,
parfois supérieurs à la moyenne nationale.
Si l'Intendance est restée dans les bâtiments neufs, les autres
bureaux administratifs sont maintenant (ce n'était pas le cas à
l'origine) dans l'aile sud du château ; c'est là aussi que se trouvent
l'infirmerie et la grande bibliothèque (le C.D.I., Centre de Documentation
et d'Information) où les élèves trouvent quantités d'ouvrages et
de documents et où ils peuvent consulter Internet, guidés par des
documentalistes.
102 lycéens sont internes et ont le privilège de loger dans le château
ducal. Pensent-ils quelquefois aux ancêtres prestigieux qui les
ont précédés en ces lieux ? En tout cas, ils ont des tables de travail
qui donnent soit sur la cour d'honneur du château, soit sur la plaine
des Carterées dont le charme peut reposer leur esprit des études
parfois fastidieuses.
Lorsque, pour les journées du patrimoine, on ouvre les portes du
château ducal, les visiteurs peuvent admirer la pureté et le raffinement
de l'architecture, la rampe de fer forgé de l'escalier qui mène
du premier étage aux combles, dessiné par Pierre Valette et fondu
au XVIIIe siècle par M. Poulange, le fronton ouest sculpté par Barthélemy
Cabirol, les voûtes du sous-sol où se trouvaient autrefois les cuisines
et qui ont conservé les énormes crochets où l'on pendait les bœufs
ou les porcs destinés à l'alimentation des châtelains et de leurs
invités.
Enfin, en juillet, tous les ans depuis 1988, le château hébergeait
les stagiaires du Festival de Jazz, avant son abandon au milieu
des années 2000 ; parfois, tous les quatre ans, les Visétois
venus fêter le jumelage des villes d'Aiguillon et de Visé y étaient
hébergés et pour 4 euros la nuitée, ils avaient le
privilège de dormir dans le château qui accueillit dans le passé
une des familles les plus riches de France et la célèbre maîtresse
de Louis XV, Madame du Barry.
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