La seigneurie de Lunac
( Page mise à jour le 15 mai 2023)

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Les armes sont :
"d'azur à un croissant de Lune d'argent versé"
Le sceau du castrum porte la légende :
S:MVNITATIS-CASTRI-DE-LUNACIO-ACULEI

La seigneurie de Lunac est la plus ancienne d'Aiguillon.

Au XIIe siècle, Pierre et Aimeri de Lunac étaient connus pour avoir concédé à l'Abbaye de Grandselve en 1188 le libre passage sur la Garonne et sur leurs terres.
En 1228 et 1233, leur descendant Astorg Ier de Lunac accorda les mêmes privilèges.
Le 1er mai 1289, un arbitrage décide du partage des droits de péage pour le passage au port de Centudville [Saint-Léger] entre Arnaud-Garcie II et Bonafoux du Fossat d'une part et Guillaume, Bertrand de Lunac et leur nièce Marmande d'autre part.
Leur Château était bâti sur les vestiges de l'ancien castrum romain.
Au début du XIVe siècle (peu après 1300), cette famille s'éteignit avec Guillaume III et Gualard de Lunac, l'héritage passant à la famille de Montpezat par le mariage entre N. de Lunac [N. ou No. placé devant le nom d'une fille ou d'une dame signalait l'origine noble] , dernière héritière, et Rainfroid 1er de Montpezat.

Le château

La cour et la façade Sud de nos jours
Vue de l'Ouest, au premier plan, la muraille et les contreforts romains en 1970

Le château de Lunac a été érigé sur l'emplacement de l'ancien castellum romain à l'extrémité du promontoire dominant le confluent du Lot et de la Garonne. C'est le plus ancien de la ville d'Aiguillon.

Du castellum romain, installé en 56 avant J.-C. pendant les campagnes de César, il ne subsiste à l'ouest, parallèlement à la Garonne, qu'une grande muraille de 12,50 mètres de haut (I sur le plan ci-dessous) , étayée de 5 contreforts en arcade (PPPPP), soutenant une terrasse au-dessus de salles voûtées (E et F). Sur le plan du Colonel Duburgua, l'espace délimité par les lettres AKLMCDE (tracé en rouge) constituait le réduit romain réservé aux soldats et à l'habitation du gouverneur. C'est l'emplacement de l'actuel quartier Lunac.
A ce sujet, nous devons citer Alain Réginato : "La construction de l'ensemble, en opus mixtum, intercale des assises de petit appareil et des chaînages de briques. La datation de cet édifice n'a jamais été fixée précisément. Cependant, il y a une quinzaine d'années, une mosaïque bichrome noire et blanche à rangées parallèles, fut découverte au-dessus de ce bâtiment. Ceci permet d'avancer une hypothèse de datation au Haut-Empire [entre 27 av. J.-C. et 192 apr. J.-C.]" (Deuxième colloque Aquitania : Bordeaux, 13-15 septembre 1990).

M. Jules Andrieu, dans son Histoire de l'Agenais (t.I p.93), dit qu'Aiguillon fut fondé par Philippe-le-Bel à partir du bourg de Lunac.


Photographie abbé Etienne, curé de Bazens
Muraille Ouest
Salle voûtée
Le réduit romain selon Duburgua

En 1986, à l'occasion de travaux d'assainissement dans la rue Marc de Ranse, devant le Château Lunac, des vestiges gallo-romains furent découverts ; le Docteur Réginato dirigeait les fouilles qui dégagèrent une mosaïque exposée actuellement au Musée Raoul Dastrac. Cliquez ICI pour lire le compte-rendu de ces travaux dans la revue AQUITANIA.

Le château est constitué de deux parties séparées par une cour :

1-Le corps de logis adossé à l'enceinte du XIIe siècle au Nord et à l'Ouest (mhqw sur le plan) ; sa façade Sud (n) est en briques du XIIIe siècle, épaisse de 1,30 mètre ; à l'extrémité Est, une petite cour (x) de 7,75 m x 5,30 m avec un puits au centre, et côté Nord deux meurtrières (zz) ; enfin, une tour escalier (u) en colimaçon, du XVe ou XVIe siècle, adossée à la façade Sud.

2-Un bâtiment annexe (f et g) côté Ouest de la cour principale d'environ 23 m de long. Son mur Ouest (d) appuyé sur le terre-plein de la terrasse est en briques du XIIIe (35 cm x 20 cm x 5 à 7 cm d'épaisseur). A l'Est, côté cour, le mur (b) est en pierres d'appareil moyen, tout comme le mur Sud (c) adossé au jardin Léaumont.
Une tour carrée crénelée (j), apparemment du XVe siècle flanque le bâtiment annexe au Nord (1).

Plan du château d'après l'abbé Alis
Les caves romaines et les amorces de murs romains figurent en pointillés ; les lignes pleines délimitent le Château de Lunac proprement dit.

I : mur Ouest
PPPPP : contreforts Ouest
OO : contreforts Nord
QQ : contreforts Sud
E et F : salles voûtées accessibles
G : salle voûtée comblée explorée et délimitée par l'Abbé Alis au XIXe siècle
H : bassin trapézoïdal profond de plus de 3 mètres dont les parois ne sont pas romaines ; certainement réservoir à vivres.
mhqw : rempart extérieur de 1,85 m d'épaisseur
t : bâtiment qui apparaissait encore sur le plan de 1748
n : mur sud en briques de 1,30 m d'épaisseur
o : cuisine
p : mur de 1,10 m d'épaisseur
x : petite cour avec le puits mesurant
7,75 m sur 5,30 m
z et z : meurtrières
u : tour ronde abritant un escalier
f et g : bâtiment annexe
j : tour crénelée

Pour davantage de détails, voir le livre de l'Abbé Alis pages 29 à 40 en ligne ICI.

Ce château a appartenu successivement :
- aux seigneurs de Lunac depuis le XIIe siècle ;
- aux Montpezat, seigneurs d'Aiguillon, depuis le XIVe siècle ;
- à Charles de Malvin par son mariage (le 23 décembre 1489) avec Jeanne dame de Montazet de MONTPEZAT et dont les descendants le vendirent,
- à Antoine Dugasquet en 1739 qui le légua,
- à sa nièce Marguerite Dorothée Nebout de Ribérot qui épousa Simon Pierre Merle de Massonneau, maire d'Aiguillon, le 18 novembre 1766 ; leurs descendants le vendirent le 28 mars 1884,
- à M. le docteur Nebout.
- En 1940, il devint la propriété de la famille Le Moine qui le possède encore actuellemrnt.

Le 30 juillet 1808, Napoléon Ier et l'Impératrice, venant de Montauban et d'Agen pour se rendre à Bordeaux, arrivèrent à Aiguillon dans la soirée et descendirent dans l'ancien château de Lunac, chez M. Merle de Massonneau, maire de la ville ; après le dîner, l'Empereur se rendit sur la terrasse où quatre gardes nationaux lui rendirent les honneurs et il leur commanda le "portez-arme", avant de partir de nuit vers Bordeaux en traversant le Lot sur un bac spécialement pavoisé et illuminé. Il fut accueilli à Nicole avec un arc de triomphe. Après ce passage sur un bac, Napoléon décréta la construction du pont de pierre. (Source Jean Tonnadre)
Henri Lacassagne féru d'histoire locale a recueilli les témoignages transmis oralement dans les vieilles familles de Nicole, selon lesquels le passeur aurait préféré demander la construction d'un pont sur le Lot en échange de la gratuité de son travail de nuit.

(1) D'après une source locale, les créneaux auraient été restaurés au XXe siècle.

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