Le château de Lunac a été érigé sur
l'emplacement de l'ancien castellum romain à l'extrémité du promontoire
dominant le confluent du Lot et de la Garonne. C'est le plus ancien
de la ville d'Aiguillon.
Du castellum romain, installé en 56 avant J.-C. pendant
les campagnes de César, il ne subsiste à l'ouest, parallèlement à
la Garonne, qu'une grande muraille de 12,50 mètres de haut (I sur
le plan ci-dessous) , étayée de 5 contreforts en arcade (PPPPP), soutenant
une terrasse au-dessus de salles voûtées (E et F). Sur le plan du
Colonel Duburgua, l'espace délimité par les lettres AKLMCDE (tracé
en rouge) constituait le réduit romain réservé aux soldats et à l'habitation
du gouverneur. C'est l'emplacement de l'actuel quartier Lunac.
A ce sujet, nous devons citer Alain Réginato : "La construction
de l'ensemble, en opus mixtum, intercale des assises de petit
appareil et des chaînages de briques. La datation de cet édifice
n'a jamais été fixée précisément.
Cependant, il y a une quinzaine d'années, une mosaïque
bichrome noire et blanche à rangées parallèles,
fut découverte au-dessus de ce bâtiment. Ceci permet
d'avancer une hypothèse de datation au Haut-Empire [entre 27
av. J.-C. et 192 apr. J.-C.]" (Deuxième colloque Aquitania
: Bordeaux, 13-15 septembre 1990).
M. Jules Andrieu, dans son Histoire de l'Agenais
(t.I p.93), dit qu'Aiguillon fut fondé par Philippe-le-Bel
à partir du bourg de Lunac.

Photographie abbé Etienne, curé de Bazens
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Muraille Ouest
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Salle voûtée
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Le réduit romain selon Duburgua
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En 1986, à l'occasion de travaux
d'assainissement dans la rue Marc de Ranse, devant le Château
Lunac, des vestiges gallo-romains furent découverts ; le Docteur
Réginato dirigeait les fouilles qui dégagèrent
une mosaïque exposée actuellement au Musée Raoul
Dastrac. Cliquez ICI
pour lire le compte-rendu de ces travaux dans la revue AQUITANIA.
Le château est constitué de deux parties
séparées par une cour :
1-Le corps de logis adossé à l'enceinte du XIIe siècle
au Nord et à l'Ouest (mhqw sur le plan) ; sa façade Sud (n) est en
briques du XIIIe siècle, épaisse de 1,30 mètre ; à l'extrémité
Est, une petite cour (x) de 7,75 m x 5,30 m avec un puits au centre,
et côté Nord deux meurtrières (zz) ; enfin, une tour escalier (u)
en colimaçon, du XVe ou XVIe siècle, adossée à la façade Sud.
2-Un bâtiment annexe (f et g) côté Ouest de la cour
principale d'environ 23 m de long. Son mur Ouest (d) appuyé sur le
terre-plein de la terrasse est en briques du XIIIe (35 cm x 20 cm
x 5 à 7 cm d'épaisseur). A l'Est, côté cour, le mur (b) est en pierres
d'appareil moyen, tout comme le mur Sud (c) adossé au jardin Léaumont.
Une tour carrée crénelée (j), apparemment du XVe siècle flanque le
bâtiment annexe au Nord (1).
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Plan du château d'après
l'abbé Alis
Les caves romaines et les amorces de murs
romains figurent en pointillés ; les lignes pleines
délimitent le Château de Lunac proprement dit.
I : mur Ouest
PPPPP : contreforts Ouest
OO : contreforts Nord
QQ : contreforts Sud
E et F : salles voûtées accessibles
G : salle voûtée comblée explorée
et délimitée par l'Abbé Alis au XIXe
siècle
H : bassin trapézoïdal profond de plus
de 3 mètres dont les parois ne sont pas romaines
; certainement réservoir à vivres.
mhqw : rempart extérieur de 1,85 m d'épaisseur
t : bâtiment qui apparaissait encore sur le
plan de 1748
n : mur sud en briques de 1,30 m d'épaisseur
o : cuisine
p : mur de 1,10 m d'épaisseur
x : petite cour avec le puits mesurant
7,75 m sur 5,30 m
z et z : meurtrières
u : tour ronde abritant un escalier
f et g : bâtiment annexe
j : tour crénelée
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Pour davantage de détails, voir le livre de
l'Abbé Alis pages 29 à 40 en ligne ICI.
Ce château a appartenu successivement
:
- aux seigneurs de Lunac depuis le XIIe siècle
;
- aux Montpezat,
seigneurs d'Aiguillon, depuis le XIVe siècle ;
- à Charles
de Malvin par son mariage (le 23 décembre 1489)
avec Jeanne dame de Montazet de MONTPEZAT et dont les descendants
le vendirent,
- à Antoine Dugasquet en 1739 qui le légua,
- à sa nièce Marguerite Dorothée Nebout de Ribérot qui épousa
Simon Pierre Merle de Massonneau, maire d'Aiguillon, le 18 novembre
1766 ; leurs descendants le vendirent le 28 mars 1884,
- à M. le docteur Nebout.
- En 1940, il devint la propriété de la famille Le Moine
qui le possède encore actuellemrnt.
Le 30 juillet 1808, Napoléon Ier et l'Impératrice,
venant de Montauban et d'Agen pour se rendre à Bordeaux, arrivèrent
à Aiguillon dans la soirée et descendirent dans l'ancien château de
Lunac, chez M. Merle de Massonneau, maire de la ville ; après
le dîner, l'Empereur se rendit sur la terrasse où quatre
gardes nationaux lui rendirent les honneurs et il leur commanda le
"portez-arme", avant de partir de nuit vers Bordeaux en
traversant le Lot sur un bac spécialement pavoisé et
illuminé. Il fut accueilli à Nicole avec un arc de triomphe.
Après ce passage sur un bac, Napoléon décréta la construction
du pont de pierre.
(Source Jean Tonnadre)
Henri Lacassagne féru d'histoire locale a recueilli les témoignages
transmis oralement dans les vieilles familles de Nicole, selon lesquels
le passeur aurait préféré demander la construction
d'un pont sur le Lot en échange de la gratuité de son
travail de nuit.
(1) D'après une source locale,
les créneaux auraient été restaurés au
XXe siècle.