Pierre Verdolin naquit aux environs de 1746 à
Aiguillon où son père, Bertrand Verdolin, exerçait
l'office de notaire royal. Sa mère, Jeanne Gauduque était
également aiguillonnaise. Voir son arbre généalogique
ICI.
Après des études de droit à Bordeaux, devenu
tabellion, il rentra à Aiguillon et son père le mit
en pension chez son confrère et rival Bernard Nugues. Là,
les amusements et le jeu l'occupèrent, lui faisant contracter
des dettes. Il fréquentait la bonne socièté aiguillonnaise
: Duburgua, chirurgien, les Coq père et fils, Nebout jeune
... Il s'y lia d'amitié avec Louis Mautor, avocat, issu d'une
vieille famille de la région..
D'esprit frondeur, il s'opposa à Merle de Massonneau [maire],
à Nebout [premier consul] et à Léaumont de Rieubet
[deuxième consul], dont les comptes consulaires présentaient
de sérieux déficits.
Il épousa le 29 novembre 1780 Jeanne-Colombe Miraben dont il
eut deux filles et un fils, François, le 18 décembre
1784.
Poussés par Mautor contre les consuls, Verdolin, Nugues, Miraben
et Coq allèrent jusqu'à les poursuivre devant le Parlement
de Bordeaux ; de même, il bouda les somptueuses fêtes
que le duc en exil organisait dans son nouveau château, préférant
festoyer avec les domestiques du duc : Nicolas Rogier, maître
d'hôtel, François Drovard, jardinier, Nicolas Goussas,
chef de cuisine ... Plus tard, Verdolin découvrit la duplicité
de Mautor qui rencontrait secrètement les Merle de Massonneau.
En 1789, le tiers-état d'Aiguillon l'envoya à Agen,
en compagnie de Merle-Dubarry de Coq et de Mautor, participer à
l'élection des députés de cet ordre ; les trois
premiers furent indignés quand il apprirent que Mautor plaidait
pour qu'Armand-Désiré d'Aiguillon fût choisi comme
représentant du Tiers-Etat.
À Aiguillon, un comité permanent qu'il dirigeait fut
attaqué par Nebout, armes à la main. Deux sociétés
populaires rivales se formèrent : il présidait celle
de Peyrelongue tandis que les consuls adhèraient à celle
des Carmes.
La nouvelle municipalité [Maire : Jean Florans ; officiers
municipaux : Pierre Léaumont, Pierre Lacaze et Jean Coq] l'élut
suppléant du juge de paix, puis procureur de la commune le
6 novembre 1791.
Il hésita à prendre parti entre les prêtres assermentés
et les non-conformistes qui avaient gardé la sympathie d'un
grand nombre d'aiguillonnais. Bien que peu partisan de la Montagne,
ceux-ci l'élirent procureur syndic du district [ancêtre
de nos cantons] de Tonneins la Montagne.
Considéré comme trop radical à Aiguillon, à
Tonneins il faisait figure de modéré vis à vis
des jacobins qui y règnaient, en particulier son principal
opposant fut l'instituteur Jouan le jeune qui prit le nom de Marat
après l'assassinat de l'Ami du Peuple. Sachant flatter
les passions populaires, Jouan était le maître de la
rue. Il fut maire, procureur de la commune, procureur général
de la Fédération des sans-culotte du Lot-et-Garonne.
En pleine période de la Terreur, Jouan obtint des représentants
du peuple en mission, Baudot
[médecin], Ysabeau
[ex oratorien] et Paganel [ci-devant
curé de Noaillac], la destitution de Verdolin, son arrestation
comme suspect de fédéralisme et son incarcération
à Nérac, puis à Tonneins en attente d'un jugement
à Bordeaux.
Il guérit d'une grave maladie contractée
en prison, mais à cause de l'acharnement de Jouan, il risquait
toujours la guillotine, malgré les multiples démarches
de son épouse auprès des représentants
du peuple à Agen et Bordeaux. Après le 9 thermidor
il fut rapidement libéré et revint à Aiguillon.
Il put assister, fin 1794, au passage de Jouan, sous les huées
d'une foule de femmes, conduit par des gendarmes à la prison
d'Agen, sans que ses anciens partisans aiguillonnais lui manifestent
un quelconque soutien.
Le 13 brumaire an IV (4 novembre 1795), Verdolin, à sa grande
surprise, fut nommé par le gouvernement de Paris, commissaire
du Directoire exécutif près l'administration cantonale
d'Aiguillon, les cantons remplaçant les districts.
Son traitement était de 400 myriagrammes de froment par an
[1 myriagramme valant 10 kilogrammes, cela ferait donc un traitement
de 4 tonnes de froment par an ?]
Le canton d'Aiguillon était constitué des communes de
Coleignes, Dominipech, Galapian, Nicole, Saint-Salvy, Saint-Vincent,
Saint-Brice, Aiguillon et une partie de Clairac.
L'administration cantonale était présidée par
Nugues aîné ; elle était constituée par
dix agents administratifs et dix suppléants, en majorité
anciens partisans de Jouan, mais aucune décision ne pouvait
être prise sans l'avis du commissaire Verdolin, ce qui lui permettait
de modérer les excès de cette administration. C'est
ainsi qu'il protégea la dame de Clairefontaine du manoir de
Saint-Armand près de Pélagat ; il évita la guillotine
à l'ancien émigré Gaulejac réfugié
à Saint-Brice ; il s'opposa à la vente des biens de
Malvin de Montazet convoités par des agents de l'administration
cantonale ; il empêcha Nugues d'enlever les moulins de la ci-devant
duchesse d'Aiguillon ... etc. Cela lui valut d'être persécuté
par la haine tenace des candidats aux spoliations.
Le 4 nivôse an VI, lassé des intrigues de Nugues, Verdolin
démissionna et fut remplacé par Duburgua. Il obtint
d'être réintégré notaire à Aiguillon,
mais Nugues, notaire, frère de Nugues maire extra-muros
d'Aiguillon, jouait du pouvoir de ce dernier pour attirer la clientèle
dans son étude, aidé par son épouse qui usait
de moyens que Verdolin déclare : "ne pas oser les nommer
sans rougir".
Pour les mêmes raisons, le 12 janvier 1809, Verdolin abandonna
sa charge de notaire au bénéfice de Jean Laffitte.
Patriote au début de la Révolution, il détesta
la Convention et la Terreur, si bien qu'il accueillit favorablement
le retour des Bourbons qui lui attribuèrent la décoration
de l'ordre du lys [fleur de lys d'argent surmontée d'une couronne
d'argent et ruban blanc].
Il acheva d'écrire ses mémoires le 25 août 1828.
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L'ordre du lys
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origine de l'ordre du lys -- on sait ce
qu'en vaut l'aune
Caricature du comte d'Artois, futur Charles X
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