Aiguillon pendant la Révolution d'après les registres des délibérations municipales

La disparition du registre de 1789 jusqu'au 2 octobre 1791 nous empêche de faire une étude complète des événements. Nous en avons retenu quelques-uns qui nous ont semblé donner une idée de l'atmosphère de cette période de troubles (très nombreuses remises de certificats de civisme [que nous n'avons pas transcrites] à certains, désignation comme suspects pour d'autres, dénonciations, faible fréquentation des séances par les élus du conseil communal et toujours défaut de blé et de pain).

1789

Faïence de Longwy, reproduction

Mars 1789. Les reprèsentants de la ville d'Aiguillon pour nommer les députés du Tiers-État aux États Généraux furent : Louis Mautor avocat au Parlement ; Arnaud Merle-Dubarry notable ; Etienne Coq négociant et Pierre Verdolin notaire royal. Ceux de la juridiction de Miramont d'Aiguillon : Bernard Bezin-Dubarry notaire et consul et Jean-Arnaud-Bégoulle bourgeois. Celui de Nicole : Pierre Glory.
14 juillet 1789.
Les administrateurs de la commune sont MM. Merle de Massoneau, maire, Nebout, 1er consul et Leaumont de Rieubet, 2e consul.
11 août. Une assemblée générale réunissant 74 habitants désigne 20 commissaires ; ceux-ci élisent par acclamation président, M. James, Lieutenant général [il démissionne, invoquant un risque de conflit d'intérêt avec ses fonctions de police] et secrétaire, M. Nugues, notaire ; ces commissaires devront rédiger leurs statuts pour les soumettre à l'approbation des habitants et du duc d'Aiguillon.
30 août. Assemblée générale de 75 habitants seulement sur plusieurs milliers de la juridiction… Le compte rendu accuse les précédents administrateurs de négligences, gaspillages, et demanderont leur destitution à Sa Majesté. Sont nommés par acclamation M. Miraben père, chevalier de Saint-Louis, président, M. Garrigue aîné, avocat, vice-président et M. Goutières aîné, négociant, secrétaire.
27 septembre. L'assemblée générale accepte la proposition des sieurs Coq et Nugues d'acheter 1000 sacs de blé et de les céder à prix coûtant aux boulangers et aux pauvres ; elle décide la création d'un corps de troupes patriotiques dont le commandement sera offert à Mgr le duc d'Aiguillon " dont les vertus et le patriotisme ont élevé un triomphe d'amour et de respect dans les cœurs ".
28 septembre. Les sieurs Fabre, chirurgien, Duburgua, maître chirurgien, Chassain et Martin Baptiste sont condamnés à verser chacun 6 livres d'amende pour avoir coupé la corde du battant de la cloche dans le but d'empêcher le carillonneur d'annoncer l'ouverture de l'assemblée générale.
18 octobre [dimanche]. La troupe et le comité permanent assistent à la messe, les drapeaux sont bénis par le curé et tous prêtent serment de servir pour le maintien de la paix et la sécurité.
13 novembre. Suite au décret de l'Assemblée Nationale, les curés d'Aiguillon et alentours, la supérieure du couvent des religieuses de la Croix, frère Barnabé Marot prieur des Carmes commencent à déclarer leurs biens et bénéfices.

1791

6 novembre 1791. Renouvellement annuel de la municipalité ; à cette date, plusieurs ecclésiastiques de la ville ont déjà prêté serment à la constitution civile du clergé [du 12 juillet 1790], mais des groupes de fidèles pétitionnent auprès de la municipalité pour obtenir un lieu de culte.
3 décembre. Pierre Verdolin, procureur de la commune, demande au commandant de la garde nationale de surveiller les assemblées clandestines nocturnes dénoncées se tenir à Gouts et Sainte-Radegonde.

1792

1er janvier 1792. Le sieur Labadie, régent du latin aura des appointements de 500 livres, plus 10 sols par mois pour les enfants commençant à lire, 15 sols pour ceux qui lisent et écrivent et 20 sols pour ceux qui apprennent le latin. Le régent du français recevra 250 livres, plus 10 sols pour les commençants, 15 sols pour ceux qui écrivent et 20 sols pour ceux qui apprennent le calcul.
15 janvier. Plusieurs dénonciations au sujet d'un rassemblement douteux chez l'abbé Gardelle.
17 janvier. Le procureur de la commune constatant que la misère désole la majeure partie des habitants, la municipalité attribue 4000 livres à la création d'ateliers de charité pour les réparations des rivages du Lot.
22 janvier. " Dénonciation auprès de nous, Lacaze, Coq jeune et Verdolin, d'un rassemblement d'un grand nombre de non-conformistes chez les demoiselles Massac et par réaction, d'un attroupement du peuple mécontent ; nous nous sommes transportés au domicile des dites dlles en compagnie des soldats du guet pour enquêter. L'abbé Barrier y disait la messe. Nous lui avons rappelé que la loi interdisait la pratique clandestine du culte et il promit se conformer à l'avenir à la loi. En partant, nous avons informé puis exhorté le peuple à se retirer, ce qu'il a fait. "
18 février. Tous les citoyens sont invités à s'enrôler pour la défense de la patrie en danger contre les émigrés, les puissances étrangères et les ennemis de l'intérieur qui portent atteinte à la constitution et aux libertés.
18 mars. Le procureur déclare à nouveau que la misère est à son comble, le travail et le pain font défaut. Les ateliers de charité sont submergés, les boulangers n'ont que 300 sacs de farine. M. Nugues, négociant offre 300 sacs de farine et 200 de blé, de quoi tenir 1 mois. Les particuliers possèdent 800 sacs de blé, mais sont libres de les vendre à l'extérieur de la ville.
15 avril. L'Assemblée municipale désigne 12 dames de charité pour visiter et assister les malades de l'hôpital.
14 juin. Les boulangers Fulgence Coq, Baussens fils, Sornin et Jacquet viennent déclarer aux officiers municipaux qu'ils perdent 3 livres par sac de blé et demandent une augmentation du prix du pain et menacent de ne plus en faire. Le sieur Sornin étant le plus virulent, le procureur de la commune le fait amener par la police municipale à la maison d'arrêt. Le lendemain il est libéré à condition qu'il fasse du pain. Un bateau du sieur Vigneau, négociant venait d'arriver chargé de blé à 23 livres 10 sols le sac. 202 sacs furent cédés aux boulangers à 23 livres le sac, les 10 sols restant étant payés par la commune.
3 juillet. Le procureur de la commune s'indigne que la plupart des officiers municipaux négligent de remplir les devoirs de leur charge et désertent les séances. Il menace de les dénoncer à la municipalité, au peuple et jusqu'à l'Assemblée Législative.
30 août. Le conseil général et la garde nationale réunis autour de l'arbre de la liberté jurent d'être fidèles à la nation, de défendre la liberté et l'égalité jusqu'à la mort.
8 septembre. MM. Coq jeune, Vigneau et Verdolin se rendront tous les jours au bureau de la poste aux lettres pour faire ouvrir les paquets et les lettres en provenance de lieux suspects ou adressés à des personnes suspectes. Si rien n'est suspect, le contenu des courriers devra rester secret.
18 septembre. M. Le Roy, intendant de M. d'Aiguillon est convoqué à l'hôtel de la commune car on dit l'avoir vu en possession d'une lettre écrite de Basle en Suisse par son maître considéré comme émigré. Après lecture de la lettre, les officiers municipaux vont apposer le scellé sur les édifices appartenant à M. d'Aiguillon.
21 septembre. Le canton demande des dons en argent et 31 volontaires à qui on fournira un fusil et une giberne. Leurs terres seront travaillées en ferme ou à moitié pendant leur service.
29 septembre [maintenant, An I de la République depuis le 22 septembre]. On fête la chute de la monarchie par des salves d'artillerie, des sons de cloches, un Te Deum et on adresse des remerciements à la Convention Nationale [Élue le 21 septembre, pour la première fois en France au suffrage universel masculin].
1er octobre. Les ci-devant Filles de la Croix s'obstinant à refuser de prêter le serment exigé par la loi comme chargées de l'éducation publique, les commissaires Coq, Dubouil, Lacaze et Massé prendront les clés du couvent, y établiront un concierge et donneront 3 jours aux ci-devant Filles de la Croix étrangères à la municipalité pour en sortir.
11 octobre. Décision de dresser un état général de tous les biens séquestrés du citoyen Vignerot ci-devant d'Aiguillon.
14 octobre. Le conseil général assemblé avec 55 citoyens de la commune autorise la municipalité à réintégrer les biens usurpés sur la communauté par les ci-devant seigneurs d'Aiguillon d'après une transaction écrite "entre messire Honorat de Savoie, comte de Villars, seigneur de Villars, seigneur d'Aiguillon et les consuls, manans et autres habitans dudit Aiguillon, le 4e janvier 1550, écrit sur 32 pages trois quarts, signé à la fin : Pendelé, Montayral, notaire royal, et Chalbert, notaire royal." Cet acte avait été homologué par un arrêt du Parlement de Bordeaux.
22 octobre. Les boulangers obtiennent une augmentation d'un denier par livre. 14 novembre. Nouvelle augmentation du pain : 4 sols 7 deniers la livre de pain-choine [pain blanc], 3 sols 11 deniers le pain courant et 3 sols 5 deniers le pain brun (57% de blé, 36% de ballarge et 7% de fèves).
27 novembre. On surveille les îles contre le pillage du bois par des citoyens sous prétexte qu'elles sont devenues propriété de la nation.
4 décembre. Election d'une nouvelle municipalité.
20 décembre. Garrigue prête serment comme nouvel officier municipal et Coq jeune comme nouveau procureur.

1793

12 février. Nouvelles réclamations des boulangers qui disent ne pas pouvoir acheter du blé à cause de la taxe du pain trop basse. On obligera ceux qui ont des réserves de farine à produire du pain et on perquisitionnera chez les particuliers détenant des grains pour éviter la famine.
4 avril. Les commissaires chargés d'ouvrir les lettres suspectes en ont trouvé une venue d'Espagne dont le contenu a été jugé contraire aux principes de la République. La destinataire, Mlle Castillon Merle et toutes les personnes citées dans la lettre, entre autres la citoyenne Fayolle ci-devant supérieure des Filles de la Croix, seront suspectes et consignées dans leur maison jusqu'à nouvel ordre.
20 avril. Le blé manque et deux commissaires iront à Bordeaux en acheter 1000 boisseaux.
12 mai. Les rues sont re-nommées. La rue qui va de la porte d'en bas [au Nord] au clocher sera la rue Brutus ; la place du ci-devant château, la place d'Armes ; la rue qui va de la place d'Armes à la porte d'en haut [au Sud] se nommera rue de l'Egalité ; au faubourg du Muneau, la promenade deviendra le cours du Champ de Mars [actuelle rue Victor Hugo]…etc.
30 mai. Les citoyens Saint-Amains et Noubel ont dressé un état des tableaux, estampes, dessins, livres ayant appartenu au ci-devant duc d'Aiguillon.
6 juin. Vente du mobilier et des vins de la cave du château jusqu'au 4 septembre rapportant 98686 livres. Les plus beaux tableaux furent réservés pour le Musée d'Agen.
10 août. Fête de la Fédération, les prêtres assermentés disent la messe au pied de l'arbre de la liberté.
11 septembre. Les citoyens de 18 à 25 ans sont assemblés pour le tirage au sort de 3 hommes de cavalerie : le sort désigne Pierre Gérard, cordonnier, Messines second et Jean Duprat, tonnelier. Antoine-Joseph Nebout-Ribérot, Jacques Cazautet et Gasquet fils jeune sont désignés pour l'armée des Pyrénées.
26 septembre. La gendarmerie est requise pour arrêter les réfractaires qui ne se sont pas rendus à leur poste.
12 octobre. Le jeune Justin Duburgua, 13 ans, fils du Maître chirugien cité plus haut, se rend à Agen devant le Conseil du Département de Lot et Garonne pour s'engager dans les armées de la République.
13 octobre. En application de la loi du maximum du 29 septembre, les prix des denrées et objets de première nécessité sont bloqués, ainsi que le montant des salaires (30 sols la journée de travail non nourri).
27 octobre. Menaces récidivées (toujours vaines) du procureur de la commune contre la majorité des membres du conseil général toujours absents aux séances et depuis longtemps endormis sur leurs devoirs.
8 frimaire An II [28 novembre]. Merle Massonneau est élu membre du comité pour l'emprunt forcé, chargé de dresser une liste de citoyens riches pouvant apporter 1000 livres.
16 frimaire An II [6 décembre]. Le citoyen Le Roy, vrai républicain, mais dont le nom fait injure à la République sous le régime de la liberté et de l'égalité, s'est présenté devant le corps municipal pour demander que le nom qu'il porte soit changé en celui de l'Epi, représentant l'idée d'abondance. Demande acceptée et enregistrée.
18 frimaire An II [8 décembre, dimanche]. Le conseil général de la commune se réunit pour l'organisation de la Fête de la Raison qui doit avoir lieu le mardi suivant. La citoyenne Tivoline Ribérot [Marguerite Nebout de Ribérot de son vrai nom] est choisie pour incarner la Raison, car elle réunit à la vertu et à la beauté le patriotisme le mieux prononcé. Les citoyens Jean Demay, Germain Demay, Coulet et Fernandes, menuisiers sont chargés de réaliser le décor.

TEMPLE DE LA RAISON ET DE LA PHILOSOPHIE (Eglise d'Ivry-la-Bataille)

20 frimaire An II [10 décembre, mardi]. Célébration de la Raison sur la place d'Armes. Tivoline Ribérot, vêtue de blanc est placée par le maire sur un autel. Aux 4 coins, 4 jeunes filles représentant des vertus, vêtues de blanc, accrochent des guirlandes de fleurs ; ce sont Xénovie Merle-Fontet, Villette aînée, la fille du citoyen B. Gasquet et la fille du citoyen Busquet. Des citoyens en grand nombre entouraient l'autel tandis qu'on tirait le canon, puis des discours furent lus et des hymnes chantés et repris en chœur par la foule. A la fin, la citoyenne représentant la raison foula aux pieds avec indignation les symboles de la féodalité avant de les livrer aux flammes, la foule criant : "Vive la Raison, la République et la Montagne !"

"a ça ira" (faïence décor peint à la main par J. Paulet)
"La Carmagnole" (faïence décor peint à la main par J. Paulet)

1794

13 nivôse an II [2 janvier]. Réunion des citoyens devant la ci-devant église des Carmes pour réorganiser et épurer le corps municipal.
19 nivôse AnII [8 janvier]. On fête la prise de Toulon autour de l'arbre de la Liberté, hymnes patriotiques, banquet civique, bal, illuminations et barrique de vin en perce. Le même jour, les commissaires à la fermeture des églises - Mautor, Grenier, Nebout, Garrigue, Dubouil, Leaumont et Merle - déposent les clés dans un placard de la maison commune où elles resteront jusqu'à nouvel ordre.
7 ventose An II [25 février]. Les citoyens Jacques-Vincent Lansac, ci-devant curé de St-Cosme, Couderc, ci-devant curé de Pélagat, Marot, ci-devant Carme déclarent devant le Conseil municipal " ne vouloir à l'avenir exercer aucune fonction relative au culte catholique et en outre ne vouloir suivre à l'avenir que le flambeau de la Raison et n'avoir d'autre désir que la prospérité de la République une et indivisible ". Le conseil délibère que la ci-devant église paroissiale serait le lieu désigné à ce culte, que tous les signes de la superstition seraient détruits, qu'il serait conservé une cloche et que les citoyens de la commune devraient s'abstenir de travailler les jours de décade [1er, 10e et 20e jours du mois remplaçant les dimanches].
17 germinal [6 avril]. La journée des travailleurs de la terre est fixée à 35 sols pour les hommes et 18 sols pour les femmes, 45 sols pour les charpentiers, maçons charons et tonneliers.
24 floréal [13 mai]. Etant donné que la commune est dans la plus affreuse misère par le manquement des grains de toute nature, elle ne pourra pas en fournir au district de Marmande qui en réclamait.
19 prairial [7 juin]. Envoi au district [de Marmande?] de tous les meubles et objets servant au fanatisme dans les ci-devant églises de la commune.
La femme du citoyen Laribeau jeune recevra 30 livres par an pour balayer le temple de l'Être Suprême et en chasser les araignées.

LE PEUPLE FRANÇAIS RECONNOIT L'ÊTRE SUPRÊME ET L'IMMORTALITÉ DE L'ÂME
(Portail de la collégiale Saint Thomas de Crépy-en-Valois)

27 prairial [15 juin]. Nomination de 4 commissaires pour surveiller les citoyens qui paraîtraient vouloir célébrer les ci-devant dimanches et fêtes, afin qu'ils soient punis.
9 thermidor [27 juillet]. A la nouvelle de la chute de Robespierre, ce fut une explosion de joie dans l'Agenais.
28 fructidor [14 septembre]. Ysabeau, représentant du peuple en mission dans le Lot-et-Garonne mit à la disposition du Comité dramatique d'Agen les costumes et décors du ci-devant château d'Aiguillon, après inventaire.

Claude-Alexandre Ysabeau, ex oratorien,
ex curé de Saint-Martin de Tours,
député d'Indre-et-Loire,
Conventionnel en mission
dans le Lot-et-Garonne.
Plus tard membre du Conseil des Anciens,
l'ancêtre de notre Sénat, sous le Directoire.
(Mémoires de Pierre Verdolin d'Aiguillon)

1795

7 germinal An III [27 mars]. Deux membres du comité de salut public, Pierre Boussion et Jean-Baptiste Treilhard arrivent en mission à Agen organisant le désarmement des citoyens et la réouverture des églises.

 

Pierre Boussion
Jean-Baptiste Treilhard


26 germinal An III [15 avril]. L'église Saint Félix est rouverte au culte conformiste.
1er floréal An III [20 avril]. Le conseil général délibère qu'il n'y a aucun terroriste ni partisan de la tyrannie d'avant le 9 thermidor à désarmer.
12 vendémiaire An IV [4 octobre]. Les citoyens Leaumont, maire, Bataille, officier municipal et Brienne d'Espalais, notable, étant parents d'émigrés ou de ministres des cultes insermentés, doivent être remplacés par Turpin, Gasquet et Martin jeune.
1er brumaire An IV [23 octobre]. La commune d'Aiguillon ayant moins de 5000 habitants, elle n'aura plus d'administration municipale, mais 2 représentants à la municipalité du canton.
17 frimaire An IV [8 décembre]. Les citoyennes Barrat et Mendouze, nourrices de 2 enfants de la patrie [orphelins ?] demandent l'augmentation de leurs gages ou bien elles remettront leur nourrisson à la commune. On envoie ces enfants au " dépôt " d'Agen. On donnera à l'avenir 45 livres de blé par mois aux nourrices d'un enfant de la patrie.

1796

11 pluviose An IV [31 janvier]. Après la fermeture de l'hôpital, les pauvres ont été livrés à la misère. Il est décidé d'y faire les réparations urgentes reconnues par le citoyen Le Roy, ingénieur du département et la citoyenne Angélique Massac, ancienne hospitalière, le dirigera.
25 pluviose An IV [14 février]. Célébration de l'anniversaire de la juste punition du dernier roi des français [la vraie date anniversaire est le 21 janvier]. Un amphithéâtre a été élevé au pied de l'arbre de la liberté pour les fonctionnaires, chanteurs et musiciens. La Garde nationale du canton a défilé au son d'airs patriotiques. Le citoyen Coulet a prononcé un discours et tous les participants ont fait le serment d'être sincèrement attachés à la République et de vouer une haine éternelle à la royauté en criant " je le jure ! " Une liste des présents et des absents fut dressée.
2 ventôse An IV [21 février]. L'administration constatant qu'il y a de plus en plus de désordre, de vols, de rapines, de violations des propriétés publique et privées, que l'anarchie menace, exhorte la polpulation à se ressaisir. En conséquence, l'administration arrête :
--Art. Ier. La Garde nationale sera définitivement réorganisée dans le délai de 8 jours.
--Art. II. Tous les citoyens sont invités à dénoncer secrètement tout ce qu'ils peuvent savoir.
--Art. III. Il est défendu aux cabaretiers et aubergistes de donner à boire et à manger après 10 heures du soir.
--Art. IV. Il est défendu à tous et en particulier aux jeunes gens d'errer en troupes dans les rues et places publiques et autres lieux du canton après 10 heures du soir.
9 ventôse An IV [28 février]. Il sera établi dans ce canton 5 instituteurs et 2 institutrices répartis sur les communes d'Aiguillon, Nicole, Pélagat, Saint-Brice, Colleignes, Saint-Vincent, Saint-Vincent, Saint-Salvy, Dominipech, Galapian et Miramont. L'indemnité de logement et de jardin sera pour Aiguillon de 200 livres pour les instituteurs, 150 livres pour les institutrices et en campagne, 150 livres. À Aiguillon, il leur sera alloué une rétribution scolaire mensuelle de 10 sols en valeur métallique par élève qui lira, 20 sols par élève qui lira et écrira et 30 sols par élève qui lira, écrira et chiffrera. En campagne ce sera 8, 16 et 24 sols. Un quart des élèves les plus pauvres seront dispensés de la rétribution scolaire.
Le ci-devant clocher d'Aiguillon (le beffroi) qui menace d'une ruine certaine sera démoli.
10 germinal An IV [30 mars]. Célébration de la fête de la jeunesse avec,[en principe] attribution du prix de la vertu et du prix de l'éloquence. Les agents municipaux estimant que tous leurs jeunes concitoyens étaient vertueux, le prix ne sera pas attribué. Quant au prix de l'éloquence, il ne sera pas non plus attribué, les instituteurs estimant le délai trop court pour la préparation des discours. A leur place, on organisa une course entre le ci-devant château et le chemin dit de Gontaud. Salvandy fils second arrive premier dans la première compagnie et Darroux dans la seconde. Les lauréats reçoivent l'accolade fraternelle du président. La fête se termine par un banquet et des danses.
7 prairial An IV [26 mai]. Le citoyen A. Constant, évêque du département est à Aiguillon pour donner la confirmation aux enfants de 9 ans accomplis. Il dit qu'on le demande de tout côté dans le diocèse.
10 prairial An IV [29 mai]. Il y aura dans Aiguillon un troisième instituteur pour les sciences, le français, le latin et les mathématiques qui recevra par mois de chaque élève 40 sols pour le français, 3 livres pour le français et le latin et 4 livres pour les deux langues et les mathématiques. Il logera au ci-devant couvent des religieuses, comme les gendarmes et les prisonniers.

1797

12 nivôse An V [1er janvier]. Le commissaire du directoire exécutif du canton constate que les brigandages sur les propriétés particulières et les biens nationaux ne cesse de croître, il demande la réquisition de tous les citoyens pour la surveillance de leur propriété et de celles de leurs voisins.
24 pluviôse An V [12 février]. La démolition du clocher allant contre le vœu des citoyens, on envisage de le réparer.
1er brumaire An VI [22 octobre]. Des affiches seront apposées dans le canton et les cantons voisins annonçant que le 8 du courant un concours sera ouvert en présence de l'administration pour l'obtention de places d'instituteurs dans les cantons ci-dessus énoncés.
19 brumaire An VI [9 novembre]. La contribution mobilière, personnelle et somptuaire se monte à 19 636 livres pour l'an V. la municipalité trouvant la somme exorbitante demande qu'elle soit recalculée.

1798

19 germinal An VI [8 avril]. On fera abattre les croix qui seraient placées au bout des mâts des bateaux comme étant des signes d'un culte réprouvé par la loi du 7 vendémiaire.
20 thermidor An VI [7 août]. L'administration approuve la conduite des agents municipaux de Miramont et Galapian contre les fêtes votives de l'ancien régime et demande compte aux citoyens Florans et Villesauvès d'Aiguillon-campagne de leur négligence à laisser s'attrouper et danser dans leur arrondissement les jours de pareilles fêtes.
16 vendémiaire An VII [7 octobre]. Les militaires et réquisitionnaires du canton [la loi Jourdan du 19 fructidor An VI-5 septembre 1798-institue la conscription universelle et obligatoire de tous les français âgés de 20 à 25 ans] ne se présentant pas pour remplir leur devoir, la municipalité du canton d'Aiguillon arrête :
-- 1° Tous les militaires ou réquisitionnaires du canton sont invités au nom du salut public, à se rendre à leur poste.
-- 2° Tout citoyen convaincu de décourager ou d'épouvanter lesdits militaires et réquisitionnaires au moment de leur départ ou de leur donner asile sera poursuivi comme fauteur et complice de désertion.
-- 3° La colonne mobile du canton est mise en réquisition permanente pour opérer le départ des militaires et réquisitionnaires.
-- 4° Il sera établi garnison chez les parents desdits militaires jusqu'au départ de ces derniers.

1799

6 germinal An VII [26 mars]. Il sera fait une proclamation pour la stricte observation de la célébration des décades et toutes les lois républicaines seront ramenées à exécution contre les délinquants.
16 prairial An VII [4 juin]. Les citoyens Bégoulle de St-Avit et Clément Feuillerades étant reconnu parents d'émigrés au degré prohibé, l'arrêté qui les a nommés commissaires répartiteurs de la commune de Miramont est rapporté et Antoine Florence et Brunet sont mis à leur place.
6 thermidor An VII [24 juillet]. L'agent municipal de Galapian rapporte que depuis quelque temps les instituteurs semblent négliger de se rendre avec leurs élèves aux fêtes nationales et décadaires. Il leur sera écrit d'être plus exacts et de se rendre à ces fêtes à la tête de leurs élèves.
18 brumaire An VIII [9 novembre 1799]. Coup d'état de Bonaparte, fin du Directoire et début du Consulat. Aucune trace dans les registres de la commune.

1801

26 messidor An IX [15 juillet 1801]. Signature du Concordat entre le gouvernement français dirigé par Bonaparte, premier Consul et le Saint-Siège pour le rétablissement du culte catholique. Ceci explique ce qui suit.

1803

21 germinal An XI [11 avril 1803]. Le culte sera exercé en 3 lieux. Pour la ville l'église Saint-Félix est jugée en bon état et son desservant sera logé dans la nouvelle maison commune. A Saint-Côme, l'église sera réparée dans les plus courts délais ainsi que le logement. A Sainte-Radegonde, l'église est en assez bon état, mais des travaux de consolidation pour une somme de 100 francs sont nécessaires à cause des crues du Lot qui ont sapé les berges et la stabilité de l'édifice est menacée ; comme il n'y a jamais eu de logement, la municipalité paiera le loyer du desservant.
16 floréal An XI [6 mai]. Les conseils municipaux des 2 communes intra et extra muros délibèrent sur l'augmentation de traitement à accorder aux desservants des églises et sur les frais d'achat des objets nécessaires au service du culte. Considérant les charges qui pèsent sur la commune, une augmentation est impossible.

1805

15 pluviôse An XIII [4 février 1805]. Sur les 3 desservants des 2 communes [intra et extra muros], un seul est logé ; les Conseils décident d'accorder 200 francs à chacun des deux autres desservants pour payer un loyer.
17 pluviôse An XIII [6 février]. Dans l'état des dépenses pour l'an XIII on lit : 800 fr pour la réparation des églises et de la maison commune et 400 fr pour les loyers des desservants.
25 pluviôse An XIII [14 février]. Un établissement pour l'instruction des jeunes filles sera installé dans la partie nord de la maison commune.
12 ventôse An XIII [5 mars]. Les demoiselles Mallet et Bitaubé en seront les institutrices.

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