Cela ne se passa pas ainsi : peu après
sa sortie de prison, il mourut et fut inhumé dans l'église
Saint-Nicolas-des-Champs, 254 rue Saint-Martin
à Paris et en 1804 ses ossements furent portés aux Catacombes...
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Théophile de Viau, un poète insoumis
né près d'Aiguillon
Publié le 14/08/2021 dans Le Petit Bleu d'Agen
Érudits et biographes se sont longtemps
disputés sur le lieu de naissance du poète Théophile de Viau. Qu'il
ait vu le jour en Agenais, quelque part du côté du confluent du Lot
et de la Garonne, nul ne l'a jamais mis en doute. D'autant plus que
plusieurs de ses textes mentionnent le toponyme de Boussères, propriété
ancestrale de la famille huguenote des Viau. Sous un portrait du poète
exécuté peu de temps après sa mort par Etienne Jehandier Desroches,
on peut d'ailleurs lire : "Théophile de Viau, poète français né à Boussères,
près d'Eguillon. Il mourut à Paris dans l'hôtel de Montmorency l'an
1626". L'ennui, c'est que "près d'Aiguillon", il y a deux Boussères
: l'un situé sur la route de Port-Sainte-Marie, l'autre sur la route
de Clairac. Le premier sur les rives du Lot, le second sur les rives
de la Garonne. Pour ne rien arranger, dans un poème composé à la fin
de sa vie, le poète écrit :
"Quelque cruel complot, Qui de Garonne
ou du Lot, veuille éloigner ma sépulture, je ne dois point en autre
lieu, rendre mon corps à la nature." Qui plus est, dans un douloureux
sonnet dédié à Clairac, la protestante, effroyablement saccagée par
les troupes de Louis XIII, le poète se lamente ainsi : "Clairac, pour
une fois que vous m'avez fait naître. Hélas, combien de fois me faites-vous
mourir !"
D'aucuns en ont déduit qu'en dépit de la
mention écrite sous son portrait, Théophile de Viau était né, sinon
à Clairac, du moins au Boussères le plus proche de Clairac, entre Sainte-Radegonde
et Bourran. Ceci d'autant plus aisément que ce lieu-dit présente un
corps d'habitat ancien en appareillage de pierre taillée, une toiture
élevée et pentue, à tuiles plates, vestiges de quelque demeure de hobereau.
Puis, comme cela se fait souvent en histoire, chacun répétant à l'envi
ce qui a été écrit une fois, les biographies officielles de Théophile
de Viau ont opté pour Clairac.
Une mise au point définitive
La très sérieuse et très fiable bible qu'est
le mythique Lagarde et Michard, pourtant plus portée sur les classiques
bien en cour que sur les dissidents baroques, ne lui consacre pas moins
de trois pages, et d'emblée, sans état d'âme, le fait naître à Clairac
: "Né à Clairac-en-Agenais, fils d'un avocat huguenot" etc. C'est l'universitaire
bordelais Claude-Gilbert Dubois qui a définitivement tordu le cou à
la localisation du Boussères situé près de Clairac. Point n'était pourtant
besoin d'être grand clerc, il suffisait de lire l'œuvre de Théophile
avec un peu d'attention. Dans le plaidoyer qu'il rédige du fond de son
cachot où un terrible Jésuite, le père Garasse, l'a fait enfermer sous
la double accusation d'hérétique et de sodomite, Théophile écrit : "Notre
demeure se trouve au bord de la Garonne. Elle dresse, au-dessus de toutes
les petites maisons du voisinage, une humble tourelle qui date de mes
ancêtres […]. Le domaine héréditaire que j'habite n'est qu'à une demi-lieue
du Port, que l'on appelle Port-Sainte-Marie".
Alain Paraillous
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Un intéressant blog qui parle de Théophile
de Viau
ICI
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