Germain Demay

Article publié par Alain Paraillous dans le journal Sud-Ouest du 24 janvier 2020.

GERMAIN DEMAY, SPECIALISTE DE LA SIGILLOGRAPHIE (étude des sceaux)

LE SAVIEZ-VOUS ? Né à Aiguillon en 1818, Germain Dumay fut un savant dont les travaux restent un modèle et une référence pour les sigillographes.
Rien ne prédisposait le jeune Germain Demay à devenir une sommité dans le domaine si particulier de la sigillographie, c'est-à-dire l'étude des sceaux. Certes, la ville d'Aiguillon est dotée d'un riche patrimoine archéologique (ses arcades sous le château Lunac sont le plus haut monument gallo-romain de toute l'Aquitaine!), et le père de Germain, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, a pu être amené, au cours de certains travaux, à faire des découvertes antiques susceptibles d'éveiller la curiosité de son fils dans ce domaine. Pourtant, après avoir été reçu brillamment à son baccalauréat à 16 ans, ce n'est pas vers des études d'histoire que se dirige le jeune Germain, mais des études de médecine, à Paris. Mais il était beaucoup plus attiré par les milieux artistiques et culturels. Aussi renonça-t-il très vite à la médecine pour s'adonner à la sculpture.

Débuts d'une carrière artistique.
C'est alors qu'il fit la connaissance d'Antoine-Louis Barye, sculpteur animalier de renom. Il devint son élève vers 1839, puis l'un de ses auxiliaires, avec une compétence remarquée -entre autres- dans le domaine de l'anatomie. Il participa à plusieurs expositions entre 1844 et 1846, mais la révolution de 1848 l'obligea à interrompre sa lancée artistique et à retourner dans sa famille, à Aiguillon. Il y demeura jusqu'en 1853. Un autre lot-et-garonnais menait alors une brillante carrière à Paris : François de Chabrier-Peloubet. Né à Lauzun en 1789, cet aristocrate fut directeur des Archives du Royaume, puis de l'Empire, de 1848 à 1857. Il offrit à son jeune compatriote une place de mouleur aux Archives nationales.

Bronze animalier faisan,
hauteur 12 cm environ x 20 cm environ x 5,5 cm environ
Sigature DEMAY

La technique du moulage.
Depuis 1842, en effet une collection de moulages de sceaux avait été entreprise dans cette institution culturelle et comptait déjà plus de 8500 pièces. Grâce à sa double formation scientifique et et artistique, Germain Demay sut développer et perfectionner la technique du moulage. En même temps, il se lança dans des travaux d'érudition. De 1861 à 1868 il explora la Picardie, l'Artois, la Flandre et la Normandie à la recherche de Sceaux inédits qu'il moula puis répertoria dans des ouvrages aujourd'hui encore fondamentaux pour les sigillographes.

 
Sceau de Louis VII, roi de France et Duc d'Aquitaine (1120-1180)
 
Empreinte sur cire du sceau de René d'Anjou,
roi de Naples et de Sicile, dit "le bon roi René" 1436
Dessin du sceau de Louis X le Hutin 1315

Publications et inventaires.
De ses missions sigillographiques, il acquit une science du sceau qui lui permit de publier (entre autres, car sa bibliographie est impressionnante) une très beau volume illustré, intitulé " Le costume du Moyen Age à travers les sceaux ". Ce chef-d'œuvre typographique, toujours consulté de nos jours, reçut le 1er prix de l'Académie des inscriptions et des Belles-Lettres. Non content de ces publications, il passa les dix dernières années de sa vie à rédiger l'inventaire descriptif des sceaux de la collection du généalogiste Clairambault (quelque 10 000 pièces conservées à la Bibliothèque nationale).

Une brillante carrière.
Parallèlement à ses travaux et à ses publications, il était devenu chef de la section historique des Archives Nationales, place qu'avait occupée avant lui l'illustre Michelet. Il le restera jusqu'à sa mort, survenue en 1886. Un peu de son cœur devait néanmoins être resté à Aiguillon, puisque c'est là qu'il fut enterré et qu'il repose, dans le cimetière de la ville.

Alain PARAILLOUS

Retour