Le pont Napoléon

Ancienne photo montrant le parapet en pierre (côté Est)
Photo de 2002 montrant le nouveau parapet en métal, ajouré (côté Ouest)

 

La construction de ce pont pour franchir le Lot par l'actuelle route D813 a été décidée par Napoléon Ier, le 30 juillet 1808, lors de son bref séjour à Aiguillon.
La première pierre fut posée le 1er août 1813 par le préfet sous le mandat du maire Jean-antoine Merle de Massonneau.
Les travaux ont été effectués par l'entreprise Planthie, sous la direction de l'ingénieur en chef de Ponts-et-Chaussées Jacques-Samuel de Bourrousse de Laffore(1), entre 1823 et 1827, pendant le mandat du maire Jean-Symphorien Turpin.
Le pont fut ouvert à la circulation en 1825. Il se compose de 7 arches en plein-cintre en maçonnerie, les piles étant équipées de becs semi-circulaires.

En 1824, le chantier fut perturbé par un conflit entre deux groupes de compagnons tailleurs de pierres n'appartenant pas à la même obédience compagnonnique, puis par une grève (la première de l'histoire en Lot-et-Garonne) au sujet d'un conflit entre l'entrepreneur et les ouvriers.
En septembre, les travaux n'avançant pas assez rapidement avec les 50 ouvriers de la région d'Aiguillon, l'entrepreneur décida d'embaucher 34 tailleurs de pieres du Languedoc. Les gascons, de l'ordre des "Maîtres Jacques" se rebellèrent car les "étrangers" n'étaient pas du même ordre. Le 10 septembre, les gendarmes à cheval et 100 hommes du 22ème de ligne patrouillaient le long du fleuve en attendant le bateau des languedociens. Jets de pierres des ouvriers, charge des gendarmes, le calme fut rétabli et le maire obtint que les nouveaux venus travailleraient en dehors du périmètre du chantier officiel pour éviter les querelles.
En novembre, les deux groupes d'ouvriers se réconcilièrent pour se mettre en grève car l'entrepreneur ne leur avait pas versé de salaire depuis deux mois et demi et pour certains, aucun salaire depuis leur arrivée. Les meneurs furent arrêtés et condamnés à des peines de prison.
Pour plus de détails sur cette affaire, il faut lire l'article de Pierre Robin dans la Revue de l'Agenais de Janvier-Mars 2000.

(1) Un des premiers Lot-et-Garonnais formé à Polytechnique en 1809, chevalier de la Légion d'Honneur, né le 31 juillet 1789 au Château de Laffore, à Laplume (47), décédé le 1er février 1858 au Château d'Artigues, à Varès (47), à l'âge de 68 ans.