La construction de ce pont pour franchir le
Lot par l'actuelle route D813 a été décidée par Napoléon Ier,
le 30 juillet 1808, lors de son bref séjour à Aiguillon.
La première pierre fut posée le 1er août
1813 par le préfet sous le mandat du maire Jean-antoine
Merle de Massonneau.
Les travaux ont été effectués par l'entreprise Planthie, sous
la direction de l'ingénieur en chef de Ponts-et-Chaussées Jacques-Samuel
de Bourrousse de Laffore(1), entre 1823
et 1827, pendant le mandat du maire Jean-Symphorien Turpin.
Le pont fut ouvert à la circulation en 1825. Il se compose
de 7 arches en plein-cintre en maçonnerie, les piles étant équipées
de becs semi-circulaires.
En 1824, le chantier fut perturbé par
un conflit entre deux groupes de compagnons tailleurs de pierres
n'appartenant pas à la même obédience compagnonnique,
puis par une grève (la première de l'histoire
en Lot-et-Garonne) au sujet d'un conflit entre l'entrepreneur
et les ouvriers.
En septembre, les travaux n'avançant
pas assez rapidement avec les 50 ouvriers de la région
d'Aiguillon, l'entrepreneur décida d'embaucher 34 tailleurs
de pieres du Languedoc. Les gascons, de l'ordre des "Maîtres
Jacques" se rebellèrent car les "étrangers"
n'étaient pas du même ordre. Le 10 septembre, les
gendarmes à cheval et 100 hommes du 22ème de ligne
patrouillaient le long du fleuve en attendant le bateau des
languedociens. Jets de pierres des ouvriers, charge des gendarmes,
le calme fut rétabli et le maire obtint que les nouveaux
venus travailleraient en dehors du périmètre du
chantier officiel pour éviter les querelles.
En novembre, les deux groupes d'ouvriers se réconcilièrent
pour se mettre en grève car l'entrepreneur ne leur avait
pas versé de salaire depuis deux mois et demi et pour
certains, aucun salaire depuis leur arrivée. Les meneurs
furent arrêtés et condamnés à des
peines de prison.
Pour plus de détails sur cette affaire, il faut lire
l'article de Pierre Robin dans la Revue de l'Agenais
de Janvier-Mars 2000.
(1) Un des premiers Lot-et-Garonnais
formé à Polytechnique en 1809, chevalier de la
Légion d'Honneur, né le 31 juillet 1789 au Château
de Laffore, à Laplume (47),
décédé le 1er février 1858 au Château d'Artigues, à Varès
(47), à l'âge de 68 ans.